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ESSAI SUR LA MÉCANIQUE SOCIALE[1]

L’ÉNERGIE SOCIALE ET SES MENSURATIONS


II

Nous avons indiqué plus d’une fois que nous ramenons toutes les formes de l’énergie biologique, soit des individus, soit des sociétés, dans leur ensemble, à des transformations de la faim et de l’amour, c’est-à-dire à des attractions entre la matière animée et la nature inanimée.

Examinons de plus près cette méthode. L’une des fonctions vitales les plus générales est la nutrition, c’est-à-dire l’assimilation qui consiste en une série d’échanges indispensables entre la cellule et le milieu, après quoi la cellule retourne à son état primitif et à sa forme originelle — série d’attractions, d’actions et de réactions, qui aboutissent à un équilibre mouvant.

La reproduction peut également être considérée au même point de vue, c’est-à-dire comme une série d’échanges qui aboutissent à l’équilibre. La cellule féminine expulse certains facteurs : c’est l’élimination de globules polaires ; elle reçoit ensuite la cellule mâle, facteur qui lui manquait et qu’elle attirait, c’est la fécondation. Puis, la cellule se reconstitue par la voie de l’assimilation et recommence une vie nouvelle. La même chose a lieu pour la reproduction asexuelle à l’aide de la bipartition ou du bourgeonnement. Du reste la reproduction asexuelle ne peut s’opérer indéfiniment ; au bout d’un certain nombre de reproductions les cellules vieillissent et, alors, elles peuvent rajeunir à l’aide de la conjugaison, par suite de laquelle ont lieu l’échange et l’assimilation.

Les phénomènes de rajeunissement y rappellent la reproduction sexuelle.

La reproduction peut donc être envisagée comme une des formes de l’attraction, de l’assimilation et comme la continuation de l’acte de nutrition.

  1. Voir le numéro précédent.