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terroger sur les séries supérieures ; on peut sans hésiter considérer 8 chiffres ou 8 lettres par exemple comme à peu près impossibles à répéter pour les enfants de 8, 9, 10 et 11 ans.

Chacun des chiffres 6, 7, 8 se rapporte, dans les colonnes des chiffres et des lettres, à deux séries : la première de ces séries, celle de gauche, est celle dans laquelle tous les chiffres ou lettres à répéter chaque fois étaient différents ; la seconde est celle dans laquelle au contraire il n’intervenait jamais que 3 chiffres différents. Les séries les plus intéressantes à étudier dans le tableau, parce qu’elles ont compris le plus grand nombre d’observations, sont celles de 6, 7, 8 chiffres et lettres, et celles de 6 mots. Les moins intéressantes, celles qui donnent sans doute les moyennes les moins exactes, parce qu’elles ont compris le plus petit nombre d’expériences, sont les séries dont il vient d’être parlé tout à l’heure et qui n’étaient composées que de 3 lettres ou de 3 chiffres différents.

À première vue, d’après le tableau ci-dessus, les oscillations paraissent fortes d’une année à l’autre ; mais il faut se souvenir qu’avec 6, 7 et 8 chiffres par exemple nous sommes presque constamment sur la limite de l’étendue de la mémoire immédiate ; en conséquence les moindres circonstances ont pu faire varier un peu les résultats obtenus.

Toutes les colonnes du tableau, sauf une exception, révèlent dans l’ensemble un léger progrès de 8 à 20 ans. Celle qui fait exception est la colonne des séries de 8 chiffres ; il est vrai que les résultats qui y sont rapportés ne concernent que les âges de 12 à 20 ans.

La marche ascensionnelle est surtout marquée de 8 à 14 ans inclusivement. À partir de 14 ans, il n’y a presque plus de progrès. Il serait intéressant que de nouvelles expériences vinssent contrôler ce résultat, établir l’importance psychologique de l’âge de 14 ans qui est, comme on sait, l’âge de la puberté. Pour 6 chiffres, le maximum a été atteint à cet âge avec 90 pour cent de répétitions exactes ; pour 8 chiffres, c’est également à 14 ans que se trouve le chiffre le plus élevé, 33 pour cent ; enfin, pour 7 chiffres, il y a eu 43 pour cent de répétitions exactes au même âge, et le maximum, atteint à 18 et 20 ans, n’a été que de 46 pour cent. Pour les lettres, les monosyllabes, les disyllabes et les trisyllabes, les résultats, en ce qui concerne l’âge de 14 ans, sont analogues. Peut-être les moyennes élevées trouvées à cet âge tiennent-elles un peu à ce que, sur les 7 jeunes gens considérés, il y en avait 2 intelligents et 1 très intelligent.

En outre il n’y a plus de progrès sensible à partir de 14 ans. Pour rendre le fait plus frappant, groupons 15 et 16 ans d’une part, 19 et