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il y a un progrès assez marqué quand on passe de la vitesse 100 à la vitesse 108, mais quand on arrive à la vitesse 120, les résultats ne sont pas sensiblement meilleurs qu’avec la vitesse 108 ; il convient de dire cependant que P. avait conscience de mieux répéter les séries de lettres avec la vitesse 120 qu’avec la vitesse 100. Il faut remarquer encore que parfois les différences entre les résultats de deux groupes d’expériences dans lesquelles la vitesse de prononciation avait été la même sont plus considérables qu’entre ceux d’expériences avec vitesses 100 et 120 : ainsi dans un groupe d’expériences avec vitesse 100, P. a eu 8 séries bonnes sur 10, tandis que dans un autre groupe il n’en a eu que 2 : ce dernier fait contribue à rendre probable que l’influence des variations de vitesse telles que celles qui sont considérées dans ces expériences de contrôle et à plus forte raison telles que celles qui ont pu se produire dans l’ensemble des expériences sur lesquelles porte cette étude a été minime. Il n’en serait pas moins utile de rendre uniforme la vitesse de prononciation dans de telles expériences ; c’est ce que l’on pourrait faire sans inconvénient, au moyen d’un métronome, déjà en opérant sur des jeunes gens de treize à quatorze ans ; avec de plus jeunes, peut-être l’emploi du métronome serait-il dangereux à cause de la distraction et du trouble qu’il tendrait à produire.

L’heure de la journée à laquelle les observations ont été faites n’a pas été constante. Un assez grand nombre ont été faites le soir, après 5 heures. En général j’ai évité les heures de récréation pendant lesquelles le bruit des cours aurait pu troubler l’élève examiné. Cependant quelques observations ont eu lieu pendant les récréations, mais alors dans des salles où le bruit des cours n’arrivait que très atténué.

Pour les chiffres et les lettres, une série dans chaque groupe n’est composée que de 3 chiffres ou lettres ; elle sera intéressante à considérer pour déterminer si la difficulté s’accroît ou diminue quand au lieu d’avoir à répéter une série comme 3, 7, 6, 4, 2, 5, 8, on a à en répéter une comme 2, 4, 8, 4, 2, 8, 4.

Dans chacun des groupes, il n’y a eu que 3 ou 4 séries ; parfois même, pour les mots, je n’ai employé que 2 séries. On pourra trouver que c’est peu. Cependant l’effort s’accroît si sensiblement, quand de la répétition de 7 chiffres par exemple il faut passer à celle de 8, qu’un petit nombre d’expériences faites avec soin suffisent à établir alors si la limite de la mémoire immédiate est ou n’est pas atteinte. En outre les séries de 6, 7, 8 chiffres ou lettres, de 5 et 6 mots se contrôlent réciproquement et multiplient sur chaque individu considéré les renseignements. On peut néanmoins conseiller