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monde que nous imposent les sciences de la nature et peut la faire entrer en lui comme un complexus légitime d’hypothèse. Sans doute il est et reste, scientifiquement parlant, une hypothèse. Mais il est aussi un postulat de la conscience sensible, inductive ; il est un postulat des sciences de la nature, de la conscience téléologique, de la conscience morale et religieuse. Il est une conséquence de l’intuition génétique du monde, d’après laquelle les formes du contenu de la conscience résultent de l’application de l’intelligence au monde réel transcendant et pour cela doivent être adéquates aux formes de l’existence. Enfin il est une conséquence de la philosophie de l’identité d’après laquelle l’univers, unité synthétique, s’est divisé dans sa manifestation en existence et conscience, mais comporte, dans ces deux sphères, les mêmes attributs (volonté et idée), détermine le contenu du monde phénoménal d’après le même principe formel de la raison, et par suite doit aboutir dans les deux sphères de phénomènes aux mêmes formes phénoménales.

L. Grandgeorge.




R. de la Grasserie. De la classification objective et subjective des arts, de la littérature et des sciences. Paris, Alcan, 304 pages.

L’ouvrage que publie M. de la Grasserie est divisé d’après la table en trois chapitres et en deux seulement d’après le corps du livre : le premier traite de la classification subjective des connaissances, le second de la classification objective, et le troisième de la sériation ou de la gradation à suivre dans l’emploi des éléments antérieurement classifiés. Le deuxième chapitre est de beaucoup le plus considérable : il s’étend en effet de la page 28 à la page 297.

Voici ce que l’auteur entend par classification subjective et classification objective des connaissances. La première « classifie les sciences, par exemple, suivant l’ordre où elles deviennent applicables à l’esprit de l’homme, enseigne dans quel ordre on doit les apprendre et de quelle manière, et quels sont leurs rapports entre elles, non en elles-mêmes, mais relativement à nous. En d’autres termes, c’est la classification des arts, lettres et sciences dans l’éducation et l’instruction. » Quant à la classification objective « c’est la classification pure et simple, celle qui indique les rapports réels qui existent entre telle et telle science, tel et tel art, abstraction faite de la personne qui les exerce, les apprend ou les produit » (p. 2).

Parmi les idées intéressantes que M. de la G. expose dans le chapitre consacré à la classification subjective des connaissances, signalons la suivante : il met au nombre des qualités corporelles que l’éducation doit tendre à développer l’aptitude au travail manuel. Chacun, dit-il, doit savoir, au moins sommairement, travailler la terre, les métaux, la pierre, le bois, être artisan ou laboureur, savoir boulanger, cuire, coudre, se fabriquer les objets de première nécessité. Signa-