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sion subitement décharnée par le’moindre incident et qui sera plus forte qu’elle ; les Hicohéren<s, agrégat instable de personnalités hétérogènes les ëmM~és enfin, chez lesquels le système psychique semble se dissocier complètement simulation, mensonge sans raison, variations excessives des sentiments, incohérence des actes, changement complet et fréquent de l’orientation de l’esprit guidé tantôt par les motifs les plus élevés et souvent par les pires tendances, peut-on parler encore ici de personnalité morale ? Les hystériques présentent à un très haut degré le type de l’émiettement, et les descriptions connues de leur caractère peuvent nous aider puissamment à nous représenter ce type.

Énergie des tendances. La puissance d’un caractère dépend à la fois du nombre des tendances qui le constituent, de leur force d’expansion et de leur persistance. Il y a des hommes doués d’une personnalité riche, qui ont une grande abondance de sentiments, de désirs divers, de goûts variés, d’idées, qui sauront à la fois être des savants s’intéresser aux affaires de l’État, avoir des goûts artistiques. La richesse de l’intelligence, l’ampleur de l’imagination s’accompagne d’une grande facilité de mise en activité, de la verve, d’une sorte de débordement des idées et des impressions Alexandre Dumas, Balzac en sont des exemples. A la largeur du caractère s’oppose la mesquinerie, l’étroitesse qui indique la personnalité composée d’un nombre relativement faible d’éléments actifs ce type est beaucoup plus commun. Après la richesse des tendances, il faut considérer leur.intensité. On s’aperçoit facilement que la force des désirs varie beaucoup d’une personne à l’autre. Berlioz, Ste Thérèse, Benvenuto Cellini, Mme Swetchine sont des types de passionnés. Aux passionnés, aux vifs, aux impressionnables s’opposeront les ~dt/yere~ts, les lents, les flegmatiques. Enfin la plus ou moins grande persistance des tendances nous fournira d’un côté les obstinés, les c(msta/n.ts, les raides, de l’autre les inconstants, les faibles, les souples.

Nature des tendances. Il nous. reste à étudier les tendances sur lesquelles est fondé le caractère et qui prennent les formes que nous venons d’étudier. Selon que l’une ou l’autre prédominera, nous verrons surgir des types différents. Pour en établir la série, le mieux est de suivre l’ordre de l’importance croissante des systèmes. Nous aurons donc au plus bas degré les tendances qui se rapportent à l’organisme ou à quelqu’une de ses parties, celles qui déterminent par exemple les gloutons et les sobres, les sexuels et les froids. Audessus nous placerons les tendances qui se rapportent à la vie mentale, depuis celles qui font encore une large part au plaisir des sens jusqu’à celles qui s’en dégagent complètement. Il y a par exemple une certaine gourmandise qui recherche non seulement la satisfaction de l’appétit, mais l’excitation esthétique que peut donner le sens du goût la recherche des sensations visuelles ou auditives, qui chez certains artistes est pure sensualité, pourra se purifier jusqu’à devenir un goût