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l’expérience nous oblige à reconnaître que les lois de l’esprit sont aussi celles du monde, et que la logique est aussi bien cosmologique que noologique. Si l’on restreint le sens de ce mot de façon à appeler noologiques les sciences relatives au sujet en tant que tel, la logique n’en fait plus partie. En fin de compte, que les choses soient un reflet de l’esprit ou l’esprit un reflet des choses, ou même que choses et esprit aient leur réalité propre et s’accordent en vertu de je ne sais quelle harmonie, il n’en reste pas moins vrai que la logique est autant dans les choses que dans l’esprit. Elle est, comme dirait Aristote, naturellement antérieure à toute distinction de sujet et d’objet.

Le troisième essai et une partie du cinquième sont consacrés à l’examen critique de la théorie de l’évolution, considérée principalement dans ses conséquences morales. Enfin dans son étude sur l’immortalité (6e essai), l’auteur, sans se prononcer d’une manière absolue, écarte les principales difficultés que soulève la croyance à l’existence future ; il ne serait pas éloigné de se rallier à la doctrine de la métempsychose (7e essai), qui, « débarrassée de toute extravagance et modestement exprimée sous forme de probabilité, offre un immense intérêt spéculatif et une grande valeur morale » (p. 366).

Ce petit livre est d’une lecture intéressante et facile. L’auteur, très versé dans la connaissance de la littérature et surtout des poètes anglais, a su le rendre attrayant par une foule de citations bien choisies et la vivacité d’un style d’ailleurs sans prétention.

G. Rodier.

G.-T. Ladd. Introduction to philosophy an inquiry after a rational system of scientific principles in their relation to ultimate reality. 1 vol.  in-8o, xii-426 p. New-York, Ch. Scribner’s, 1890.

C’est plus qu’une introduction à la philosophie que contient ce livre ; c’est, à vrai dire, un système complet de métaphysique et même de psychologie et de morale. L’auteur définit la philosophie l’établissement progressif d’un système rationnel des principes présupposés ou établis par les sciences particulières, dans leur rapports avec la réalité ultime (chap.  i). Elle a sa source dans la tendance naturelle de tous les hommes à savoir et à résoudre les questions que soulèvent soit la contemplation de la nature, soit l’origine et la destinée de l’homme, soit la présence à sa conscience de l’idée du devoir. La philosophie a donc, à un certain point de vue, la même origine que les sciences, mais son but est différent : « Le problème de la philosophie est de découvrir et d’embrasser une certaine espèce d’unité de la réalité, unité qui doit aussi servir de base rationnelle aux principes de l’éthique, de l’esthétique et de la religion » (p. 53). En d’autres termes, la philosophie est la recherche d’une explication rationnelle et systématique de l’univers (chap.  ii). On voit par là quels sont ses rapports avec les autres sciences ;