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en sera la conclusion pratique ? M. R. n’osera point sans doute la formuler. Il a pu juger par lui-même, au Congrès socialiste de Bruxelles, que le « sémitisme » est une question au moins mal posée, si ce n’est pas une question factice.

L. Arréat.

Hugo Münsterberg. Der probleme und die methode der psychologie. (Schriften der Gesellschaft für psychologische Forschung.)

L’objet de la psychologie c’est l’état de conscience, jamais le processus cérébral. La conscience est la condition du fait psychologique ; elle ne s’ajoute pas à son contenu, elle en est l’essence même. — Point de phénomène psychique sans un phénomène physique qui l’accompagne. Avec l’introduction de ce postulat, l’objet de la psychologie reste le même, mais son problème s’est agrandi. Nous en demeurions à l’analyse purement descriptive de l’état de conscience, de la variable psychique, en allant des états simples aux plus composés. Un moyen indirect d’explication nous est offert, dès que nous reconnaissons la liaison régulière de certains phénomènes psychologiques avec des phénomènes physiologiques : ceux-ci peuvent expliquer ceux-là, si l’on réussit à établir cette liaison. — Le criticisme n’a rien à faire en psychologie, car elle accepte tout simplement les hypothèses qu’il s’occupe de critiquer. Les recherches historiques, philologiques, juridiques, esthétiques, éthiques, s’adressent bien à des faits de conscience, mais elles ne les considèrent pas au point de vue qui intéresse la psychologie. La méthode spéculative est dangereuse parce qu’elle saute par-dessus l’expérience. Il n’existe pas une méthode mathématique en psychologie ; on y nombre des résultats, mais les formules y sont impuissantes à rien faire découvrir. Une distribution provisoire est nécessaire. La terminologie courante est ambiguë ; lorsqu’on dit psychologie expérimentale, psychologie de la volonté, etc., on ignore s’il est question du problème ou de la méthode. La psychologie physiologique, par exemple, au point de vue de la méthode, concerne cette partie de la psychologie qui peut être secondée par les recherches physiologiques ; au point de vue du problème, cette partie dans laquelle on s’attache à établir la liaison des processus psychiques et physiologiques. Dans le premier cas, on examinera comment nos images visuelles ou auditives se construisent, en quoi l’analyse des organes importe surtout ; dans le second cas, à quels processus cérébraux sont liées ces images, ce qui exige les sections de nerfs, l’observation des malades, l’expérimentation sur les animaux, etc. M. propose, en conséquence, de placer le mot qualificatif avant quand on envisage la méthode (patho-psychologie, physio-psychologie), et après quand on envisage l’objet de la recherche (psycho-pathologie, psycho-physiologie). Deux grandes divisions seraient établies, en se fondant sur les éléments des méthodes : I. Psychologie pure ; II. Psycho-physiologie. En psychologie pure, tantôt l’observation se passe dans des conditions naturelles, tantôt elle imagine les condi-