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rentes ; lorsqu’ils furent pour la première fois découverts, on prétendit — et Ferrier défend encore cette opinion — qu’ils étaient de véritables « centres moteurs ». Maintenant, néanmoins, malgré l’explication différente qui a été donnée de leurs fonctions, beaucoup persistent encore à croire que les centres de la zone rolandique doivent être des centres moteurs, parce que des fibres internonciales les mettent en connexion avec les centres réellement moteurs du bulbe et de la moelle, et parce que les « excitations motrices » doivent partout suivre ces fibres internonciales[1]. « Ce qui commence un processus moteur », disent-ils[2], « est, exclusivement et pour tous les usages, moteurs. » Ou encore, ainsi que Ferrier[3] le suppose, « les centres immédiatement intéressés dans la production des mouvements volontaires » sont « en tant que tels, moteurs ». Je crois ces deux affirmations également inexactes. Ainsi que je l’ai dit ailleurs[4], « en raison du plan de structure habituel des centres moteurs il est essentiel que le stimulus qui réveille l’activité d’un ganglion ou centre « moteur » provienne, à travers des fibres de connexion, d’un centre ganglionnaire ou d’un groupe de cellules sensorielles, — je veux dire de cellules en relation immédiate avec des fibres centripètes. » Ainsi, nous ne devrions pas appeler « moteur » un centre cortical enregistrant des impressions afférentes, pas plus que nous n’appellerions « moteur » le groupe de cellules ganglionnaires sur le côté afférent d’un arc réflexe spinal. Dans les deux cas, les cellules nerveuses qui reçoivent les impulsions afférentes sont associées à des canaux transportant les « excitations motrices » ; et, dans les deux cas, la mise en jeu de ces fibres internonciales ou des centres dont elles dérivent donnerait naissance à des mouvements définis. Le trajet de ces fibres internonciales est le plus souvent horizontal dans la moelle épinière, quoique, plus rarement, il puisse être ascendant. Mais, des centres kinesthétiques au cerveau, la marche des fibres internonciales est descendante (dans le faisceau pyramidal) ; à partir de là, le courant est communément appelé, et assez justement, « courant centrifuge » ; mais cette dénomination a, pour effet, à ce qu’il semble, d’entretenir quelque confusion dans un assez grand nombre d’esprits. Apparemment, W. L. Mackenzie, l’écrivain cité plus haut, commettait une

  1. Depuis 1880, j’ai toujours réservé le nom d’« internonciales » aux fibres qui relient un centre efférent à un centre afférent ; appelant « commissurales » les fibres qui unissent deux centres efférents ou deux centres afférents à un autre (voir Brain as an Organ of Mind, p. 586).
  2. W. L. Mackenzie, dans Brain, 1887, p. 433.
  3. Fonctions du cerveau, p. 348 (2e éd.).
  4. The Brain as an Organ of Mind, p. 585.