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charlton bastian. — attention et volition

de l’opération mentale » qui aboutit à l’accomplissement du mouvement volontaire. Elle consiste dans une reviviscence de l’idée ou de la conception du mouvement à exécuter. Cette idée a toujours une base au moins double, bien que souvent la production actuelle du mouvement exige trois excitations coup sur coup des centres sensoriels, comme je dois maintenant le montrer.

Pour les mouvements du tronc et des membres, l’idée est composée de la représentation d’impressions visuelles et kinesthétiques antérieurement éprouvées en exécutant des mouvements semblables. L’activité réveillée de ces centres sensoriels fournit le stimulus nécessaire et le modèle pour la reproduction du mouvement ; c’est-à-dire que les actions moléculaires associées à leur excitation provoquent dans les centres moteurs de la moelle l’activité appropriée correspondante. En sorte que, selon le mot de William James, « chaque représentation d’un mouvement entraîne la production du mouvement actuel qui est son objet, à moins qu’elle ne soit inhibée par une représentation antagoniste simultanément présente dans l’esprit ». La même chose arrive pour les mouvements d’élocution ; seulement, ici, nous avons l’activité réveillée de centres auditifs en connexion avec des centres kinesthétiques d’où partent les stimulus nécessaires à la mise en jeu, dans le bulbe, des centres moteurs propres du langage.

J’ajouterai seulement que cette doctrine, qui est celle de James Mill[1], est aussi celle que professent sur le mode de production des mouvements volontaires Lotze[2] et Herbert Spencer[3] ; qu’indépendamment, elle a été soutenue par William James, et par moi-même depuis 1880, et plus récemment par Münsterberg[4], Horsley et d’autres encore.

  1. Cf. supra, p. 356.
  2. Medicinische Psychologie, 1852.
  3. Principes de psychologie, 1er éd. angl., 1855, p. 615 ; et t.  I, p. 496 de la 2 éd. angl. (1870).
  4. La théorie de Münsterberg (cf. Mind, 1888, p. 463) sur le « sens musculaire » et son rapport avec les mouvements volontaires est identiquement la même que celle qui a été publiée indépendamment par le prof. William James et par moi-même en 1880, bien que cela ne paraisse pas être admis de Croom Robertson, qui la représente (Mind, 1890, p. 523) comme un moyen terme entre les théories opposées qui ont occupé les penseurs de tant de pays ». L’effort qu’il tente au même endroit pour justifier la théorie de Wundt et de Bain ne me paraît pas très heureux. Ainsi, il écrit (p. 527) : « La différence qu’on établit entre la sensation et l’image représentative du côté afférent, provient uniquement, ou, du moins, simplement, du degré de l’excitation : celle-ci étant (normalement) plus forte quand elle a une origine périphérique. Comment alors n’y aurait-il pas une différence correspondante entre l’expérience présentative et l’expérience représentative, du côté efférent, quand, le processus cérébral, dans un cas n’est pas, dans l’autre est efficace à produire une contraction muscu-