Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
revue philosophique

sur toute la surface de la couche corticale, suivant que prédominent plus ou moins, dans les impressions sur lesquelles porte notre attention, les impressions visuelles, auditives, tactiles, olfactives, gustatives ou kinesthétiques.

§ 2. La volition.

Comme je l’ai déjà indiqué, la sphère de ce que nous appelons la volition est considérée généralement comme un fait à double aspect. Ainsi l’on admet qu’il existe une forme de cette activité qui se manifeste dans le contrôle ou la direction de nos pensées ; une autre, dans la production des mouvements musculaires. Ces deux processus correspondent à ce que Wundt appelle « l’activité externe et interne » de la volonté. Que se passe-t-il en réalité dans ces deux cas ? C’est ce que nous devons maintenant rechercher.

En premier lieu, il est nécessaire, ici encore, de se débarrasser d’une notion fausse. Par le mot de Volonté ou de Volition on ne doit pas comprendre une « faculté distincte y ayant un siège précis dans une portion quelconque de l’écorce cérébrale, — une « faculté » imaginaire, source active de puissance, isolée et d’origine mystérieuse… Encore moins pouvons-nous admettre que la volonté est « une espèce de régulateur spirituel supérieur aux forces automatiques du cerveau, et distinct d’elles[1] ».

Suivant Bain, les modes externe et interne d’activité volontaire sont semblables quant à l’essence. Dans tous les cas, selon lui, l’action s’exerce par les centres moteurs et les muscles, et son opinion a été adoptée par Ribot et par d’autres[2].

Bain dit : « Je considère la volition comme existant seulement en connexion avec les organes actifs, c’est-à-dire avec le système musculaire. Dans la sphère même de la pensée cette restriction demeure[3] » D’après Wundt, James et d’autres, également, les différences que l’on peut croire exister entre les deux processus sont plus apparentes que réelles. Toutefois, à la différence de Bain, ils attribuent le rôle fondamental aux processus nerveux qui se rencontrent antérieurement à l’excitation actuelle au mouvement ; aussi bien soutiennent-ils que l’activité du muscle n’est pas essentielle, qu’elle est un simple phénomène physique surajouté à la volition elle-même. Comme le remarque Wundt, il y a certains cas de paralysie où la

  1. The Spectator, 6 juin 1891, p. 793.
  2. Loc. cit., p. 51.
  3. Les sens et l’intelligence, p. 516 de la trad. franç.