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charlton bastian. — attention et volition

La question de la direction de l’attention ou des degrés d’intensité qu’elle peut parcourir ressortit en réalité à l’étude de la volition, puisqu’aussi bien elle n’entre en jeu que lorsque s’exerce « l’attention volontaire ». Par conséquent ce sujettrouvera sa place quand j’aurai à parler du mode selon lequel nos pensées sont dirigées ou concentrées dans tel ou tel sens.

III. Siège cérébral de l’attention. — Les appareils nerveux qu’elle met en jeu. — Dans le travail très intéressant lu récemment devant cette Société sur le « Processus psychologique de l’attention ». J. Sully disait : « En Angleterre comme en Allemagne, la question de savoir dans quelle région précise de l’écorce cérébrale s’exerce le processus de l’attention a été l’occasion de discussions considérables[1]. » Il est aussi bien connu que Ferrier localise la « faculté

    part, les facteurs élémentaires dont notre esprit est construit », est tout à fait conforme à ma propre conviction. Nous avons dans l’écorce cérébrale un registre étendu où s’inscrivent deux espèces d’impressions sensorielles celles qui primitivement excitent au mouvement, et d’autres impressions sensorielles : (kinesthétiques), résultant de ces mouvements, et constituant un guide et un modèle pour l’exécution ultérieure de mouvements similaires. Tout comme les différentes espèces de centres sensoriels appartenant au premier groupe sont mises en relation intime les unes avec les autres par le moyen des fibres commissurales, semblablement les centres kinesthétiques sont mis en connexion avec chacun des autres registres sensoriels. L’exposé fait plus haut est toutefois une chose absolument différente de l’affirmation de Hughlings Jackson, qui dit avec beaucoup d’insistance (Clinic. and Phys. Researches on the Nervous System, 1876, p. XX-XXXVII) que « les opérations mentales, en dernière analyse, doivent être simplement l’aspect subjectif des substrats sensoriels et moteurs ». C’est aussi une chose toute différente de dire, comme fait Ribot (Les mouvements et leur importance psychologique, in Revue philosophique, décembre 1879), que nous avons des « idées motrices », que « le mouvement et la sensation sont la matière dont est faite notre vie mentale », ou que « à la base de notre vie mentale, partout et toujours, il y a des mouvements ». J’accepterais volontiers cette dernière proposition, si à « mouvements » on substituait « des idées de mouvements ». Toutes les autres expressions impliquent qu’il existe des centres moteurs dans l’écorce cérébrale, et que l’activité de ces centres moteurs entraîne avec elle une phase subjective ; avec James, Münsterberg et d’autres, je considère comme fausses ces deux opinions. L’ « idée du mouvement », séparée de son contenu visuel, est une image d’un groupe d’impressions à l’état naissant produites par le mouvement lui-même, et le centre qui enregistre ces impressions a précisément le même droit que le centre visuel ou auditif à être regardé comme un centre sensoriel. Telle est l’opinion professée actuellement par Ribot, quoique primitivement il ait employé des termes semblant impliquer que les idées de mouvements sont ressuscitées dans des centres moteurs (Psychologie de l’attention, p. 66). Sa véritable opinion est toutefois exposée explicitement p. 26, 27, 66, 67.

  1. Brain, 1890, p. 147. James Sully, en fait, paraît supposer que nous avons surtout à chercher quelques « centres moteurs plus élevés » comme intéressant spécialement le processus de l’attention. Il dit ailleurs (Outlines of Psychology, p. 77) : « Le fait que l’attention est un acte de l’esprit induit à supposer que ses concomitants nerveux sont certains processus des centres nerveux connus comme intéressant spécialement le mouvement de l’action. Cette hypothèse est confirmée par le fait que l’acte d’attention s’accompagne communément de con-