Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
revue philosophique

La destruction totale d’un cérébroïde produit le mouvement de manège, parce que, selon nous, ce phénomène n’a besoin pour se produire que d’une excitation. Nous avons dit déjà que si le mouvement de manège était un acte psychique complexe, produit par les cérébroïdes, il ne pourrait pas survivre à leur destruction.

Ce qui confirme encore cette opinion, c’est que la section du pédoncule cérébral produit le même effet que la piqûre du cérébroïde.

La lésion du sous-œsophagien joue le même rôle que celle du cérébroïde, dans le développement du mouvement de manège, avec cette différence toutefois que ce ganglion étant le centre de la coordination de la marche, une lésion trop grave produit une marche incoordonné.

Ainsi, la cause primitive du mouvement de manège consiste dans une excitation inégale des deux côtés du corps.

Mais si l’on s’en tenait à cette proposition, on ne pourrait expliquer une foule de phénomènes délicats que nous avons énumérés, et qui ont été opposés par Faivre. C’est ici qu’intervient une seconde hypothèse, qui est le complément nécessaire de la précédente. Nous supposons que l’animal s’adapte à cette excitation inégale des deux côtés de son corps.

Voici comment il faut entendre cet acte d’adaptation ; il existe entre les différentes pattes des associations physiologiques, qui font que lorsque l’une d’elles exécute un mouvement, les autres exécutent des mouvements qui s’harmonisent avec le précédent. Supposons que l’animal veuille décrire un demi-cercle, vers la gauche, il envoie volontairement à ses trois pattes de droite une excitation plus forte qu’aux pattes de gauche ; et en même temps il adapte les pattes de gauche au même mouvement de rotation, en les rapprochant de la ligne médiane ; il s’établit de la sorte une association physiologique entre ces divers mouvements, qui produisent la rotation cette association a l’effet suivant, bien connu : si un de ces mouvements spéciaux, qui font partie de l’association, est provoqué isolément, tous les autres mouvements associés auront une tendance à se produire et se produiront réellement dans certains cas. Si par exemple, par l’artifice d’une lésion unilatérale, on excite davantage les pattes de droite que celles de gauche, on met ainsi en œuvre la coordination de la rotation à gauche, et par conséquent les pattes de gauche vont exécuter le mouvement qu’elles auraient exécuté dans le cas où l’animal aurait voulu tourner à gauche. Cette hypothèse me paraît rendre compte de toutes les expériences qui ont été rapportées, et notamment de ce fait qu’un Insecte qui, par