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a. binet. — mouvement de manège chez les insectes

ment à la volonté de l’animal, et ne doivent pas nous étonner ; puisqu’un Insecte opéré, un Blaps par exemple peut lutter contre le mouvement de manège, cette résistance volontaire se comprend d’autant mieux chez un Insecte dont les deux cérébroïdes sont intacts. Enfin, il arrive parfois que l’animal tourne sur place, dans le sens indiqué par sa charge.

Si on place l’Insecte sur du papier noirci pour recueillir ses empreintes, on constate que la troisième patte du côté qui regarde le centre du cercle se rapproche de la ligne médiane ; c’est une des principales modifications du tracé ; en tout cas, c’est la plus constante. Quelquefois l’empreinte de la troisième paire de pattes, au lieu de se trouver à sa position normale, c’est-à-dire un peu en arrière de

[Image à insérer]

Fig. 7. — À gauche, deux empreintes normales. À droite, trois empreintes d’un charançon portant une charge.

l’empreinte de la seconde patte, est placée beaucoup plus en arrière, et se trouve par conséquent en avant de l’empreinte de la première patte, qui est comprise dans l’empreinte suivante. C’est ce que montre la figure 7.

VII

L’interprétation des expériences précédentes présente certaines difficultés, que nous devons d’autant plus signaler que quelques auteurs ne paraissent pas y avoir attaché d’importance.

Sans faire de théories, on a admis à peu près couramment que puisque la lésion d’un ganglion cérébroïde produit chez l’Insecte un mouvement de rotation, la direction du mouvement, dans les conditions normales, est produite par les cérébroïdes ; ce sont là, a-t-on pensé, les centres directeurs de la marche, de la nage et du vol ; les cérébroïdes ne coordonnent pas ces mouvements, mais ils les dirigent. Telle est l’opinion de Faivre, qui croit pouvoir résumer ses expériences si précises en disant « Le cerveau supérieur ou ganglion sus-oesophagien est le siège de la volition et de la direction des mouvements ; le cerveau inférieur, ou ganglion sous-œsophagien, est le siège de la cause excitatrice et de la puissance coordinatrice » ; et un peu plus loin, l’auteur ajoute : « La volition et la direction ont pour siège les lobes cérébraux ; le siège de l’excita-