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qui est censé s’avancer dans la direction des flèches et en tournant vers sa gauche.

Dans une expérience prolongée, le type de rotation se modifie souvent.

IV

Quittant pour un moment la question du mécanisme moteur du mouvement de manège, nous devons chercher sous quelle influence psychologique ce phénomène se produit. Faivre a voulu soutenir que le mouvement de manège est une sorte de manifestation volontaire de la part de l’Insecte ; l’Insecte opéré tournerait, d’après cet auteur, parce qu’il a la volonté de tourner.

Bien que la question, ainsi posée, paraisse complexe et difficile à étudier directement, nous avons pu recueillir quelques observations qui semblent démontrer que Faivre s’est trompé. Nous allons voir que dans certaines conditions qu’il convient de préciser, l’Insecte peut lutter contre la rotation, s’efforcer d’y résister, et arriver, au prix de grands efforts, à marcher pendant quelque temps en ligne droite. Ce phénomène si curieux de résistance nous amènera à conclure que le mouvement de manège peut ne pas être un mouvement volontaire.

Jusqu’ici nous ne sommes entré dans aucun détail sur le siège des lésions qui ont pour effet de produire le manège ; nous avons toujours supposé que nous étions dans le cas où la lésion avait intéressé un des eérébroïdes de l’animal ; c’est à cette condition expérimentale que se rattachent toutes les descriptions précédentes. La suite de notre étude nous oblige à prendre en considération le siège de la lésion ; au point de vue où nous sommes placés, il faut distinguer deux cas principaux :

1o On peut provoquer le tournoiement en faisant la section des deux pédoncules cérébraux ; le mouvement de manège qui suit cette section n’est point guidé, dirigé, modifié par les ganglions cérébroïdes, puisque les eérébroïdes cessent d’être en continuité de substance avec le ganglion sous-œsophagien et les ganglions de la chaîne thoracique. C’est là une considération anatomique qui ne manque pas d’importance, et qui du reste exerce une certaine influence sur le caractère de la rotation. En effet, l’animal ainsi lésé décrit en générât des cercles réguliers qui, sans se superposer exactement par la figure 5, se font sensiblement dans la même aire. On peut schématiser la disposition de ces cercles.

2o Supposons maintenant qu’au lieu de faire la section des pédon-