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a. binet. — mouvement de manège chez les insectes

seconde patte du côté gauche, il peut arriver encore que le Dytique continue à tourner vers la droite ; j’ai observé longuement un Insecte qui était dans ce cas ; il était, privé des deux dernières pattes du côté gauche ; il mettait en mouvement celles du côté droit, et il les disposait de façon à décrire des cercles vers la droite ; mais la direction ne persista pas ; le lendemain de l’expérience, l’Insecte tournait dans le sens opposé. C’est là du reste ce qui se produit le plus souvent, et la raison en est facile à comprendre. Le Dytique qu’on prive de toutes ses pattes du côté gauche peut encore marcher vers la droite, parce qu’il emploie ses pattes de droite pour s’attirer ; il prend avec ses tarses un point d’appui vers lequel il attire son corps ; comme cette ressource lui manque dans un milieu liquide, il ne peut plus tourner dans le même sens que sur le sol.

Ces quelques faits, pris dans leur ensemble, ne sont point favorables, nous l’avons dit, à l’opinion émise récemment par quelques auteurs, qui ont pensé que le mouvement de manège résulte uniquement de la prépondérance de pattes placées sur un côté du corps.

D’après ces auteurs, l’Insecte qui tourne à droite est entraîné de ce côté parce que les pattes du côté gauche ont un pas plus allongé. Sans refuser toute importance à ce fait, il convient de rappeler que les six pattes concourent au mouvement en cercle.

III

On a soutenu dernièrement que le mouvement rotatoire n’est pas produit par des contractions semblables à celles que produit la volonté ; on est même allé jusqu’à affirmer que le tracé que l’animal qui tournoie laisse après lui sur le papier enfumé se distingue de celui qui est produit par un Insecte qui tourne volontairement.

Nous ne partageons point cette opinion ; nous croyons que dans un certain nombre de cas, les pattes de l’animal se posent de la même façon que s’il tournait volontairement, et que par conséquent le mécanisme du mouvement de manège peut être celui du mouvement volontaire.

II importe, avant tout, de connaître le tracé normal d’un Insecte qui tourne volontairement ; beaucoup de patience est nécessaire pour obtenir un pareil tracé. Je suis arrivé à quelques résultats satisfaisants, soit en titillant une antenne d’un Insecte en marche (ce procédé m’a réussi pour les Timarcha qui ont une marche très lente), soit en éclairant latéralement un insecte photophobe ; considérant dans leur ensemble les résultats obtenus, on peut dire que deux cas principaux sont à distinguer : l’insecte change brusquement de direction en