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a. binet. — mouvement de manège chez les insectes

sur ce point ; mais le fait certain, et suffisant pour rendre démonstrative l’expérience qui va suivre, c’est que la section du connectif droit affaiblit, selon Faivre, le mouvement de la marche dans les pattes du côté droit, et le Dytique les traîne en marchant. Or, si, après cette opération, on enlève le lobe cérébral du côté droit, on détermine le mouvement habituel de manège, de droite à gauche ; l’animal décrit un cercle en sens inverse du mouvement d’une montre ; il ne peut pas se servir de ses pattes droites pour se diriger à gauche, mais il se sert de ses pattes gauches, avec lesquelles il s’accroche pour attirer son corps du côté du lobe cérébral resté sain. Si, au lieu d’enlever le lobe cérébral de droite, on enlève celui de gauche, l’animal se dirigera vers la gauche ; ne pouvant pas utiliser ses pattes droites qui, par suite de la section du connectif droit, sont soustraites à sa volonté, il emploiera ses pattes gauches, mais d’une façon autre que l’animal de l’expérience précédente ; il se repoussera avec ses pattes gauches du côté droit. On peut varier l’expérience de plusieurs autres façons ; le résultat est toujours sensiblement le même, et montre que la lésion exerce son influence sur les deux côtés du corps l’animal, comme dit Faivre, qu’il tourne à droite ou à gauche, coordonne toutes ses pattes pour produire ses mouvements toujours dans le même sens.

J’ai obtenu un résultat identique à celui de Faivre en employant un procédé plus simple et plus élémentaire ; c’est l’amputation d’une en plusieurs pattes du côté du corps qui regarde la périphérie du cercle décrit et qu’on a considéré parfois comme le plus vigoureux. En privant de quelques-uns de ses membres un côté du corps, on diminue sa prépondérance sur l’autre côté ; et cependant, si l’expérience est faite sur un animal qui est affecté du tournoiement depuis plusieurs jours, elle ne modifie pas le sens du mouvement.

Chez les Dytiques, on peut faire une double observation, en profitant de ce fait que ces coléoptères peuvent marcher et nager. Voyons d’abord ce qui concerne la marche. Il est indispensable de choisir, pour le soumettre à cette épreuve, un sujet qui conserve un mouvement bien net de rotation depuis plusieurs jours. Sur un tel sujet, qui tourne par exemple de gauche à droite, coupons toutes les pattes du côté gauche ; l’animal tombe sur le flanc gauche, mais les pattes droites ne restent pas inactives ; elles s’accrochent aux aspérités de la surface, et attirent l’animal vers la droite, de sorte qu’il continue à décrire des cercles de gauche à droite. Un Dytique intact se comporte tout autrement quand on le prive des trois pattes d’un même côté ; il tourne tantôt dans un sens, tantôt dans le sens