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a. binet. — mouvement de manège chez les insectes

fait marcher l’insecte sur du papier enfumé[1] les trois pattes d’un même côté viennent se poser successivement au même point, et chacune de ces empreintes triples alterne avec celle des pattes du côté opposé.

Si, ces préliminaires étant posés, on étudie de la même façon un

[Image à insérer]

Fig. 2. — Empreintes des pattes pendant la marche. — 1, première patte ; 2, deuxième patte ; 3. troisième patte. L’animal progresse de droite à gauche.

Insecte qui décrit un cercle à grand diamètre, on peut se convaincre que le mouvement de manège est un mouvement de marche bien coordonné. Tout d’abord le chemin suivi est assez régulier ; ce n’est pas une série de lignes brisées, c’est bien une ligne courbe, c’est à peu près un cercle ; de plus, l’alternance des empreintes appartenant aux deux côtés du corps est conservée, et apparaît aussi nettement nue pendant la locomotion normale du même Insecte. Ce fait est très important, parce qu’il nous prouve que, pendant la rotation, les pattes se meuvent dans l’ordre normal. Du reste, on peut faire la même constatation directement, chez les Insectes dont la marche est assez lente pour que l’œil puisse suivre isolément le mouvement de chaque patte on voit les pattes 1, 3 et 5 se soulever simultanément pendant que les autres pattes restent à l’appui. Nous avons pu faire cette observation sur des Blaps, des Périplanetes, des Timarcha, etc.

La direction circulaire de la marche n’est donc pas le résultat d’une incoordination motrice. Voilà ce que montre l’observation avec une pleine évidence. Nous devons maintenant confirmer cette première conclusion par des expériences d’un autre ordre, qui vont nous prouver que le mouvement de rotation est produit par l’action combinée des six pattes de l’Insecte.

Pour bien comprendre ce que cette proposition contient de nouveau — car, à première vue, il peut sembler que ce n’est qu’une répétition, sous une forme différente, des observations que nous venons de décrire, il faut rappeler l’interprétation que quelques auteurs contemporains ont donnée du mouvement de manège. Ces auteurs, remarquant que lorsque l’animal lésé tourne par exemple à

  1. Les tracés qui ont servi à nos schémas sont déposés au laboratoire de psychologie physiologique, à la disposition des personnes qui désireraient les examiner.