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a. binet. — mouvement de manège chez les insectes

1o Le mouvement de manège proprement dit : dans ce cas, l’animal décrit un cercle de plus ou moins grand rayon ; la circonférence du cercle est décrite par le corps entier de l’animal autour d’un point de l’espace.

2o Le mouvement en rayon de roue l’axe du corps de l’animal ne dévie pas, il est une partie d’un des rayons du cercle décrit, et non une partie de la circonférence du cercle.

3o Le roulement, ou rotation autour de l’axe longitudinal.

4o Enfin, un mouvement circulaire, se distinguant du mouvement de manège en ce que l’animal décrit un cercle avec les pattes d’un côté du corps, tandis que les pattes de l’autre côté servent de pivot. Si nous rappelons ces distinctions, c’est que nous aurons plus tard à nous en servir pour caractériser les phénomènes que nous aurons sous les yeux ; nous aurons aussi à déterminer quelques espèces nouvelles de tournoiements.

Pour provoquer chez l’Insecte le mouvement de manège, le plus sûr moyen est de faire une lésion unilatérale, qui intéresse seulement un des ganglions cérébroïdes ; il est intéressant de constater, au point de vue de la physiologie de cet organe, que le mouvement de manège est le symptôme le plus important, le plus saillant qu’on puisse obtenir par une lésion partielle de ce qu’on a appelé le cerveau de l’Insecte. Pour atteindre un des cérébroïdes, plusieurs moyens peuvent être employés. Si on fait l’expérience sur le Dytique, on enlève entre les deux yeux une portion du squelette chitineux qui forme la calotte supérieure de la tête ; on découvre alors une masse de trachées qu’on écarte facilement avec des aiguilles fines, et au-dessous on aperçoit les deux cérébroïdes, baignés dans le sang de couleur citrine ; on peut alors, avec des ciseaux, couper un des cérébroïdes, en l’isolant à la fois de l’autre cérébroïde, du nerf optique et de la commissure œsophagienne. Mais c’est là une opération très grave à laquelle l’animal ne survit pas pendant plusieurs jours. Si on veut le conserver vivant pendant plus longtemps, afin d’obtenir une observation plus détaillée, il faut détruire le ganglion cérébroïde sans le mettre à nu ; on prend des points de repère, en étudiant préalablement les rapports qui existent entre la position du ganglion et certains points bien déterminés du squelette externe ; ces rapports étant une fois connus, on sait où il faut enfoncer l’instrument pour rencontrer le cérébroïde ; on fait au fer rouge un orifice dans la chitine ; puis, à travers l’orince, on introduit une aiguille fine, qu’on enfonce de la longueur nécessaire. En employant cette méthode, j’ai pu conserver vivants des Dytiques opérés pendant plusieurs mois (cinq mois au maximum), et observer jour par jour leurs mouvements de rotation ;