Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée


LE MOUVEMENT DE MANÈGE

CHEZ LES INSECTES


Il est regrettable que jusqu’ici, en France, on ait presque complètement négligé les recherches expérimentales de psychologie comparée, qui ont fait l’objet de si nombreux et si importants travaux en pays étranger et particulièrement en Angleterre. Frappé, depuis longtemps, de l’intérêt qu’il y aurait à explorer ce domaine, dont plusieurs parties sont encore inconnues, je me suis décidé, après une initiation aux études zoologiques et aux procédés de la technique moderne, à consacrer plusieurs années de travail à la psychologie des Insectes.

Mon intention est d’aborder la question simultanément par deux voix différentes l’expérimentation psycho-physiologique sur l’animal vivant, et l’étude anatomique de la structure interne des centres nerveux[1].

Le présent travail relève de la première méthode ; j’y étudie le mouvement de manège que l’on provoque artificiellement chez les Insectes, par une lésion de leurs ganglions, et en particulier par une lésion des ganglions cérébroïdes. La facilité avec laquelle ce symptôme se manifeste en fait un des caractères les plus importants de la physiologie nerveuse chez les Insectes ; toute lésion un peu importante, peut-on dire, d’un ganglion cérébroïde, a le plus souvent pour résultat de forcer l’animal lésé à marcher en cercle. Quelle est la nature, quelle est la cause de ce singulier mouvement de rotation ? c’est ce que nous nous proposons d’examiner.

Treviranus paraît être le premier auteur qui ait constaté le mouvement de manège chez un Insecte. Il fit de nombreuses expériences dans le but de savoir s’il existe chez les Insectes un centre prépon-

  1. J’ai déjà fait sur ce dernier point trois communications à la Société de Biologie (25 juin, 9 juillet et 14 novembre 1891).