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déterminer l’influence qu’a exercée Maimonide sur saint Thomas, Michel a choisi une question — le problème cosmogonique et cosmologique — à laquelle tous deux ont donné une réponse. I. Le concept de la création. Chez saint Thomas, il a une forme essentiellement autre que chez Maimonide. Pour celui-ci, la création ex nihilo est un miracle ; pour saint Thomas, elle peut, dans une certaine mesure, être démontrée. La théorie a pris plus de profondeur. II. Le commencement du monde. saint Thomas adopte la méthode de démonstration de Maimonide et il utilise ses indications, mais il ne le suit pas servilement. Une se contente pas de ce qu’il trouve chez Maimonide ; il sépare la question en deux parties ; il conserve son indépendance là où Maimonide emploie la méthode des philosophes juifs ; il approfondit le sujet et examine de nouvelles objections (à suivre).

Pour faire connaître plus exactement l’esprit et les tendances de cette revue néo-scolastique qui est de beaucoup la plus savante de toutes celles qui ont pris naissance après la publication de l’encyclique. Æterni Patris, il est utile d’indiquer brièvement les livres analysés et quelques-unes des remarques auxquelles ils ont donné lieu.

Livres analysés. — Die Einheit des Geisteslebens in Bewusstsein und That des Menschheit de Rudolf Encken, qui ne possède qu’une connaissance très incomplète et très superficielle du christianisme sinon théorique, au moins pratique. — Vorfragen der Ethik de Sigwart. L’auteur n’est pas de ceux qui, comme Strauss, veulent donner au peuple une pierre au lieu de pain ; il reconnaît l’élévation et la nécessité de la religion, mais il ne lui accorde pas l’influence qu’elle doit avoir dans la vie. — Archiv für Geschichte der Philosophie. L’apparition du recueil de Stein montre la supériorité de l’Allemagne dans l’histoire de la philosophie. — Ethik de W. Wundt. Il devait arriver à la nouvelle philosophie de chasser de la vie morale tous les motifs religieux pour les remplacer par des motifs mondains : de là résultera une anarchie complète dans l’armée comme dans la vie publique. — Krause, la Doctrine de S. Bonaventure sur la nature de l’essence corporelle et spirituelle, son rapport au thomisme Johann Uebinger, la Doctrine sur Dieu de Nicolas de Cusa. Nicolas de Cusa est un fils du moyen âge qui use de la méthode scolastique et part de la croyance chrétienne ; il appartient aux temps modernes en ce qu’il ne fait pas appel à l’autorité, mais s’inspire de la conscience (Selbstdenken) pour résoudre les problèmes de l’existence. — Edmond Braun, la Logique de l’absolu, une loi de l’esprit humain et sa portée philosophique. Pohle fait un grand éloge du livre. — La doctrine de S. Thomas sur l’influence divine dans les actions des créatures raisonnables, exposée par le cardinal Pecci, avec une explication critique de Gundisalv Feldner. — G.-K. Uphues, Perception et Sensation, recherches de psychologie empirique. Le livre mérite d’appeler l’attention des catholiques, car il est écrit avec une impartialité bien rare. — Chantepie de la Saussay, Manuel de l’histoire