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que Pascal n’est pas un sceptique. H s’appuie sur les facultés naturelles et il possède toutes les vérités qu’il faut accepter pour fuir le scepticisme, quoi qu’il pût se sentir attiré vers ce système par les opinions jansénistes sur la déchéance (Verderbtheit) de la nature humaine. L’Apologétique de Pascal a été surfaite, mais elle a encore du bon. Ce qui caractérise Pascal, c’est une sensibilité profonde qui donne à ses discours couleur, chaleur, entrain et éloquence. C’est pourquoi il occupera, dans l’histoire de la langue et de la littérature française, une place plus élevée que dans l’histoire de la philosophie et de l’apologétique.

Prof. Dr F.-X. Peiffer. La théorie du contraste esthétique et spécialement des contrastes de paysage sur les hautes montagnes. — Le monde de la montagne (Gebirgswelt) proclame la grandeur et la puissance de l’homme, mais plus encore la puissance et la supériorité de Dieu.

Cathrein, S. J. Le droit des gens dans le droit romain et chez saint Thomas d’Aquin. — Le socialiste Henry George en Amérique et des écrivains catholiques ont donné une fausse idée des doctrines de saint Thomas sur le droit des gens. Pour rétablir sur ce point la théorie véritable de saint Thomas, Cathrein affirme : 1o que les juristes romains ont rattaché le droit des gens au droit positif, en tant qu’on en considère le principe immédiat ; au droit naturel en tant qu’on fait attention au contenu ; 2o que le prince des scolastiques a suivi Isidore de Séville et s’est, pour les choses essentielles, rattaché aux juristes romains.

Prof. Dr Gutberlet. La guerre pour la liberté. — On combat de toutes parts la philosophie chrétienne. Pour la défendre et détruire celles qui veulent la remplacer, il faut considérer comme absurdes toutes celles qui nient les vérités suivantes : 1o la réalité du monde extérieur ; 2o la valeur objective des principes supra-sensibles ; 3o le rôle des causes finales dans le monde physique ; 4o la liberté de la volonté humaine. Gutberlet combat P. Rée qui soutient que la volonté n’est pas libre, et Fr. Paulsen, qui ne voit dans la liberté qu’un rêve des métaphysiciens scolastiques après avoir jugé très objectivement et avec beaucoup de mesure les conceptions chrétiennes et même catholiques.

C.-Th. Isenkrahe. L’erreur fondamentale de la nouvelle philosophie. — Cette erreur fondamentale ne vient pas de ce qu’on s’est éloigné d’une conception téléologique de la nature, mais de ce qu’on a rejeté le principe de l’évidence. Il ne faut pas revenir à Kant ; seul l’ancien dogmatisme peut nous fournir une méthode exacte pour la connaissance. Critiquement d’ailleurs, le dogmatisme est incontestable. Les difficultés qu’il présente peuvent être facilement résolues, pourvu qu’on s’en tienne au critérium per quod, en laissant tomber le critérium secundum quid.