Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
revue philosophique

improprement et en prenant la partie pour le tout qu’on appelle État l’autorité. La famille et les autres sociétés particulières sont essentiellement distinctes de la société politique elles forment des parties hétérogènes du corps politique et, considérées en elles-mêmes, elles ont leur cercle et leurs principes de vie propres qui ne vont nullement se confondre avec ceux de l’État. Partant, les sciences politiques (Staatswissenschaften) ne coïncident pas avec la science sociale (Gesellschaftswissenschaft) et n’en sont pas indépendantes. Celle-ci traite de toutes les sociétés et les autres n’en sont qu’une partie. Et cela est d’autant plus à remarquer puisqu’elle traite de l’Eglise, c’est-à-dire d’une société indépendante de l’État. De là découle la doctrine du droit divin médiat de la royauté, que Suarez considère comme antique et acceptée, comme vraie et nécessaire (sententia antiqua, recepta, vera et necessaria).

La Görresgesellschaft a entrepris de publier un Dictionnaire politique (Staatslexicon) conforme aux principes de l’encyclique Æterni Patris. C’est pour venir en aide à ceux qui ont entrepris cette tâche que Costa-Rossetti a rédigé ces articles.

Dr Praxmarer. La controverse entre Vaquez et Suarez sur l’essence de la loi naturelle. — Praxmarer fait l’exposition historique de la controverse, critique les deux opinions et les juge. Il préfère l’explication de Vasquez. La rédaction du Philosophisches Jahrbuch défend Suarez.

Prof. Dr J. Pohle. Le nouvel assaut contre les classiques païens et contre la culture humaniste en général. — Pohle, qui connaît les travaux publiés en France sur les études classiques, a traité ce sujet d’une façon fort intéressante. Le premier chapitre donne la base nouvelle de l’école de l’avenir : §  1, Importance de la question pour la philosophie ; §  2, Propas-ande anticlassique de la part des naturalistes allemands (Paulsen, Preyer, etc.) ; §  3, Une voix du côté des mathématiciens (on invoque l’autorité du vaincu de Sedan, Napoléon III, qui fait quelque part cette naïve réflexion : « Il fallait la Révolution de 89, et un homme comme Napoléon (1er) pour élever au-dessus des langues mortes les mathématiques et la physique qui doivent être le but de notre société présente, car celles-ci font des travailleurs, tandis que les autres ne font que des désœuvrés (Müssigänger)… Mais Napoléon appartenait-il aux travailleurs ? (Arbeitern)… Il n’a fait que des études sur Jules César, un classique romain. Si l’on m’en croyait, dit Pohle, il aurait mieux fait de se taire » ) ; §  4, L’éducation scientifique comme base d’une espèce de religion de l’avenir ; §  5, Le récent essai d’une pédagogie fondée sur les sciences naturelles dans son développement systématique. — Deuxième chapitre. Les causes de l’hostilité contre les classiques et le gymnase consacré aux humanités (humanistische Gymnasiumm) : §  1, Première cause, le réalisme matérialiste et physique, Darwinisme et Pessimisme, Le principe du pouvoir exclusif