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ANALYSES.g.-t. ladd. La Genesi e l'Evoluzione, etc.

question de la réalité, soit à l’absence de définitions précises de termes, tels que ceux d’explication, d’analyse, de synthèse, dont il est facile d’abuser.

Nous n’avons donné qu’une analyse très sommaire du livre de M. Ladd. Il pose, et souvent traite en détail trop de questions pour que l’on puisse en donner en quelques pages une idée complète. Ceux qui liront ce livre y trouveront leur profit et ils y verront, une fois de plus, qu’on peut être très versé dans la psychologie expérimentale — les ouvrages de psychologie physiologique du même auteur sont bien connus[1] — et s’adonner avec succès à la métaphysique.

G. Rodier.

J. Dewey. Outlines of a critical theory of ethics. 1 vol.  in-12, viii-253 p. Michigan, Ann Arbor, 1881.

Ce petit traité de morale théorique n’est guère plus long que la plupart de nos manuels, il va cependant plus au fond des questions qu’il traite. La première partie, les Notions fondamentales de la morale, se divise en trois chapitres : le bien, l’idée d’obligation, l’idée de liberté. La seconde, le Monde moral, étudie les institutions morales générales ou particulières : famille, propriété, société, etc. Enfin la troisième partie, la Vie morale de l’individu, traite successivement de la formation et du développement de l’idéal moral, de la lutte morale ou de la réalisation de l’idéal, de la vertu ou moralité réalisée. Nous ne saurions adopter la doctrine proposée par l’auteur qui admet comme postulat l’accord de l’intérêt individuel avec l’intérêt du groupe. Bien que M. Dewey ne soit ni un hédoniste, ni un utilitaire et donne au terme d’intérêt un sens tout autre que celui qu’il a dans les doctrines de Bentham ou même de Mill, son principe nous semble manquer de la première condition d’un postulat, la vraisemblance. — En revanche, la partie négative de l’ouvrage, la critique de l’hédonisme, de l’utilitarisme, de l’utilitarisme évolutionniste et de la morale kantienne, nous semble en grande partie juste.

G. Rodier.

M. Maggetti. La genesi e l’evoluzione della beneficenza, xxxv-405 p., in-8o. Ravenne, Typ. coop., 1890.

La bienfaisance tient à la question sociale, et l’auteur croit même qu’elle doit elle-même faire l’objet d’une science comprise dans le cycle des sciences sociales, comme l’hygiène l’est dans les sciences médicales. C’est seulement, pense-t-il, quand elle sera étudiée et pratiquée scientifiquement et rattachée à tout le processus intellectuel, moral, juridique, économique et politique de la société, qu’elle pourra devenir coefficient d’ordre, d’égalité et de bien-être général. C’est là, après tout, l’an-

  1. Voy. Revue philosophique, janvier 1888, p. 103, et août 1891, p. 217.