LA SCIENCE POSITIVE DE LA MORALE EN ALLEMAGNE
IV — M. Post. Conclusion.
Malgré des divergences de détail que nous avons signalées, il y a entre toutes ces doctrines des traits communs qu’il importe de fixer.
Jusqu’ici toutes les écoles de morale ont pratiqué la même méthode : la déduction. Toute la différence qu’il y a entre la morale intuitive et la morale dite inductive, c’est que la première prend pour principe une vérité a priori, la seconde un fait d’expérience. Mais pour l’une comme pour l’autre la science consiste à tirer de ces prémisses une fois posées les conséquences qu’elles impliquent. On part là de la notion de l’utile, ici du concept de bien ou de celui du devoir ; mais on reconnaît d’un côté comme de l’autre que toute la morale est enveloppée dans une idée simple et qu’il suffit de l’en dégager. « L’école de morale intuitive, dit Mill, non moins que celle qu’on pourrait nommer l’école inductive, insiste sur la nécessité des lois générales. Les deux écoles diffèrent d’opinion quant à l’évidence des lois morales et à la source d’où elles tirent leur autorité. » (Utilit. ch. I.) Quant à M. Spencer, loin de rejeter la méthode déductive, il reproche à l’utilitarisme de ne pas s’en être assez servi. « À mon avis, dit-il dans une lettre célèbre, l’objet de la science morale doit être de déduire des lois de la vie et des conditions de l’existence quelles sortes d’action tendent nécessairement à produire le bonheur, quelles autres à produire le malheur. »
L’accord des deux écoles est plus complet encore. Quoique les principes qui servent de point de départ à leurs déductions ne soient pas les mêmes, c’est au moyen d’une même méthode qu’ils sont obtenus. D’une part on ne peut croire les rationalistes sur parole et
- ↑ Voir le numéro précédent de la Revue.