Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/651

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
647
ANALYSES.enrico soulier. Eraclito Efesio.

bien qu’Aristote, soixante ans comme durée de la vie d’Empédocle.

Page 25. Il me paraît assez douteux que Clément d’Alexandrie, et surtout Hippolyte[1], aient eu entre leurs mains l’ouvrage même d’Héraclite, et non pas seulement des extraits déjà arrangés dans un but déterminé.

Page 19. Dans le fragment 91, tiré d’Hippolyte, M. Soulier lit : γραφέων ὁδὸς εὐθεῖα καὶ σκολίη μία ἐστι καὶ ἡ αὐτή : et traduit : « La voie droite et la circulaire du cylindre des foulons est une et la même » (c’est-à-dire le cylindre court droit sur le drap tout en tournant sur lui-même).

Dans les Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux (t. IV, 1882, p. 331), j’ai essayé de montrer comment ce fragment a été successivement corrompu et interpolé ; avec la leçon γραφέων, il faudrait admettre l’interprétation donnée dans ce fragment, d’après laquelle Héraclite fait allusion au mouvement du κοχλίας ; mais ce terme ne désigne nullement un cylindre tel que l’entend M. Soulier, mais une vis de pression, instrument que nous ne pouvons guère supposer connu du temps d’Héraclite. La leçon la plus autorisée est d’ailleurs γραφέων, et on doit, je crois, l’entendre simplement pour γράφων « Héraclite écrivant : La voie droite et la contournée sont une seule et même voie ». J’ai expliqué ci-dessus le sens de cette formule.

Page 271. Les phrases tirées de Clément (fragm. 81), citées dans cette page, ne peuvent guère être attribuées qu’à l’exégète chrétien. Pour l’explication de ce fragment et pour la preuve qu’il n’y faut pas voir un blâme dirigé contre la célébration impudique des orgies dionysiaques, on peut voir mon article précité sur Héraclite.

L’appendice sur le traité Περὶ διαίτης donne la traduction de la plupart des passages de ce traité qui présentent un intérêt philosophique, avec des notes indiquant les analogies et les divergences avec Héraclite, ainsi que les ressemblances avec certains textes d’Anaxagore et d’Empédocle. Sur l’âge de ce traité, M. Soulier admet la dernière opinion de Zeller, d’après laquelle il aurait été composé à Athènes vers le commencement du ve siècle.

Cette opinion a été longuement discutée et, à mon avis, victorieusement réfutée par Teichmüller dans le second volume de ses Neue Studien zur Geschichte der Begriffe. D’après cette discussion, le traité en question doit plutôt être placé chronologiquement entre Héraclite et Anaxagore, et les analogies d’expression avec les auteurs postérieurs ne peuvent faire conclure à un plagiat, car les concepts auxquels elles se rapportent sont essentiellement différents pour le médecin héraclitisant du vie siècle d’une part, et pour Anaxagore ou Empédocle de l’autre. J’ajoute que, si M. Soulier avait eu connaissance de la réfutation de Teichmüller, il aurait évité de tronquer quelques-uns des extraits qu’il a traduits.

L’auteur de l’Eraclito Efesio s’était déjà fait connaître par une thèse

  1. Je désigne ainsi, suivant l’opinion très discutable qui a cours outre-Rhin, l’auteur des Philosophumena faussement attribués à Origène.