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ANALYSES. crépieux-jamin. Graphologie.

cher, il est vrai, trop d’importance, gagne infiniment en sûreté lorsqu’on y procède méthodiquement, après une étude spéciale, en utilisant avec ses propres observations celles des autres préalablement contrôlées. La précision à laquelle on peut arriver de la sorte est réellement curieuse ; nous en avons eu des preuves, personnellement, qui ne nous laissent aucune envie de prendre fait et cause contre M. Crépieux-Jamin pour les sceptiques dont les objections, d’ailleurs faibles, sont par lui fort bien réfutées.

Mais connaître des traits épars d’un caractère ce n’est pas connaître vraiment ce caractère lui-même et là le scepticisme pourrait reprendre ses droits. Nous croyons toutefois qu’il y a une science des caractères, possible au moins dès à présent, et permettant à qui la posséderait d’interpréter les signes graphologiques d’une façon véritablement vivante. Si peu avancée que soit encore la psychologie, elle nous met assurément à même d’affirmer que toutes les combinaisons concevables entre certains traits de caractère ne sont pas possibles également ni probables au même titre. Telle de ces combinaisons, logiquement possible, ne l’est pas psychologiquement ; telle est rare, telle fréquente, au contraire ; tel trait prédominant ne peut coïncider avec tel autre, qu’un troisième n’en résulte nécessairement. Cette science des caractères n’est pas faite encore, mais elle peut l’être, et elle le sera, n’en doutons pas. Ce n’est, après tout, que la psychologie appliquée, ou la synthèse psychologique.

La graphologie empirique n’est pas à mépriser au point de vue de la caractérologie ; elle peut, à sa manière, servir à nous faire découvrir les lois de composition du caractère, je veux dire les coïncidences et combinaisons psychiques les plus habituelles ; mais elle a plus à attendre, sans comparaison, des progrès de la science des caractères, que la science des caractères n’a à attendre d’elle et des progrès qu’elle peut faire, abandonnée à elle-même. Telle qu’elle s’offre actuellement, simple recueil de faits plus ou moins bien observés, dont les raisons ne sont pas connues ou ne le sont que d’une manière extrêmement générale et vague, la graphologie ne peut sérieusement prétendre au nom de science. Elle est, j’en conviens, quelque chose de mieux qu’un jeu, elle est un art, analogue à celui du physionomiste et tout aussi fondé en raison. Mais elle n’est pas plus une science que la physignomonie n’en était une avant Gratiolet et Darwin.

Henri Marion.

Paul Richer. Études cliniques sur la grande hystérie, 1  vol. in-8o, XV-976 p. Paris, Delahaye, 1885. 2me édition revue et considérablement augmentée.

La première édition de cet important ouvrage, publiée en 1881, embrassait toute la grande hystérie. Depuis cette époque, le nombre des obser-