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LA FEMME ET LE DROIT


La position économique et juridique de la femme est aujourd’hui une question ouverte. Plusieurs ouvrages considérables, parmi lesquels nous citerons, pour ne parler que de la France, ceux de MM. Legouvé, Dumas, Naquet, Richer et Bridel, s’efforcent de la saisir dans son ensemble, tandis que des réformes partielles s’introduisent graduellement dans les mœurs industrielles et dans la loi. L’importance de ce problème domine de bien haut celle de tous les autres sans exception. Il s’agit proprement de la conception et de la constitution de l’humanité.

Nous ne nous flattons pas d’apporter au débat des lumières nouvelles, résultant directement de nos principes les plus généraux : notre solution était arrêtée dans ses traits essentiels depuis nombre d’années sans que nous eussions lu ce qui s’écrivait sur la matière ; puis, lorsque, pressé de parler par un motif de conscience, nous avons voulu réparer le temps perdu, nous nous sommes bientôt assuré que tout ce que nous éprouvions le besoin de dire avait été déjà dit et fort bien dit.

Et pourtant, après quelque hésitation, nous prenons la plume : non seulement les vérités ne trouvent accès dans les faits qu’après avoir été mille fois répétées, mais chaque nouvel interprète les redit dans son langage, avec son accent. Une question d’une portée aussi générale avait dès longtemps sa place marquée dans un recueil philosophique ; nous chercherons à l’y ramener à ses éléments les plus simples.

Cependant, lorsqu’il s’agit de traiter isolément une question concrète et pratique, il est impossible de remonter au premier principe de la science, qui devrait être, nous semble-t-il (car sur ce point on est assez loin de s’entendre), la notion même du savoir. La déduction serait trop longue pour un article, et peut-être pour un volume. Il faut nécessairement se faire accorder quelques notions préalables, et l’argumentation, à la supposer bien conduite, n’aura de valeur que