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mine l’époque la plus favorable pour les travaux les plus importants d’après les apparences célestes. Thalès commence des recherches scientifiques ; c’est lui qui d’après Théophraste a frayé la voie à l’astronomie. Il semble encore avoir donné à la terre une forme plate et non sphérique ; le ciel est sphérique et divisé en cinq zones. Le soleil s’élève et descend entre les deux tropiques. La lune est un corps de même espèce que la terre, mais ayant la forme sphérique ; elle est éclairée par le soleil, ses phases et ses éclipses résultent de sa position par rapport au soleil et à la terre. Thalès avait attribué aux étoiles et au soleil une nature semblable à celle de la terre, mais embrasée ; fixé l’année à trois cent soixante-cinq jours, porté son attention sur la durée des révolutions lunaires. On ne saurait absolument affirmer qu’il ait trouvé que le diamètre du soleil était la sept cent vingtième partie de son orbite. Le système de Thalès dénote un progrès considérable. Toutes ses découvertes découlent d’une découverte fondamentale : il n’a pas vu dans le firmament une demi-sphère, mais une sphère. Thalès a la gloire d’avoir fait de l’astronomie, jusqu’alors considérée comme subordonnée aux besoins pratiques, une science à laquelle il a le premier donné l’impulsion, sans qu’on puisse déterminer s’il a profité des travaux de prédécesseurs inconnus ou de peuples étrangers.

La cosmographie d’Anaximandre n’a pas encore jusqu’ici été bien comprise dans sa théorie capitale, celle des κυκλοί ou τροχοί. Ni Zeller, ni Th. H. Martin, ni Gruppe, ni Röth, ni Teichmülter n’ont vu qu’Anaximandre avait employé ces cercles avant tout pour l’explication des conversions (τροπαί du soleil et de la lune. Il en tire aussi l’explication des éclipses de soleil. Il attribue au soleil et à la lune une grandeur égale à celle de la terre. Son système laisse bien loin en arrière par sa grandeur et sa hardiesse les systèmes précédents. Anaximène n’est pas, comme l’a dit Th. H. Martin, resté au dessous d’Anaximandre et de Thalès ; il a reconnu que toutes les planètes étaient d’essence identique et également importantes à observer, il a vu que l’étendue du déplacement des étoiles n’avait aucune importance, mais qu’il importait beaucoup de savoir si une étoile se meut ou non. C’est pourquoi il mérite d’être cité avec honneur dans l’histoire de l’astronomie à côté de ses deux prédécesseurs.

G. Neudecker. La nécessité de la pensée et la certitude subjective (Selbstgewissheit), dans leurs rapports avec la théorie de la connaissance. Neudecker, d’accord avec Ulrici pour combattre les empiriques, indique les différences qui les séparent. Ulrici éclaircit quelques points et répond à certaines objections.

Comptes rendus. Nous signalerons seulement une analyse et une critique intéressante du livre de Fechner : Révision des points capitaux de la psycho-physique, par Ulrici qui loue la pénétration, l’étendue et la profondeur de l’esprit de l’auteur, et qui croit que les points capitaux de la psycho-physique ne sont plus en question.

Vincent Knauer. W. Shakespeare, le philosophe de l’ordre moral