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la vie divine deviendra accessible à l’homme, tous seront ses successeurs, tous deviendront ce qu’il était.

Fortiage croit ainsi tenir le milieu entre le rationalisme et le supranaturalisme.

Pour apprécier exactement ces doctrines, dit Eucken, il faudrait les considérer avec la personne de l’auteur qui les a réalisées, autant qu’il était en lui, pendant sa vie. Sa nature innocente et pure l’a empêché de voir la puissance des ténèbres et du mal dans le monde. Il croyait plus à ce monde suprasensible, l’objet continuel de ses recherches qu’à l’évidence sensible. Sa doctrine était devenue vivante en lui, elle est l’expression d’une âme belle et pure.

M. Sartorius. Le développement de l’astronomie chez les Grecs jusqu’à Anaxagore et Empédocle, d’après Théophraste (1er article). La philosophie a été d’abord une physiologie, c’est-à-dire une explication de la nature, et la manière dont on concevait l’univers a été le point de départ de toute spéculation. On a cependant fait assez peu de recherches sur cette matière. Les renseignements d’ailleurs étaient en petit nombre. Le travail de Diels (Doxographi græci, Berlin, 1879) et surtout les préliminaires dont il l’a fait précéder ont permis d’aborder la question avec quelque chance de l’éclaircir. Les φυσικαὶ δόξαι de Théophraste traitaient de la physique depuis les temps les plus reculés jusqu’à Platon. Ce livre auquel se réfèrent les commentateurs d’Aristote et en particulier Simplicius ne s’est pas conservé. Mais l’auteur des Vetusta placita s’est inspiré, selon Diels, de Théophraste.

Cet ouvrage perdu également avait servi de point de départ à l’Epitome d’Aétius dont Diels a révélé l’existence, d’après Théodoret. Aétius a été cité par Théodoret, reproduit en partie par Némésius, mais copié surtout par le Pseudo-Plutarque (Placita philosophorum) et par Stobée (Eclogæ physicæ). Le Pseudo-Plutarque a été utilisé par Philon et Athénagoras, par Cyrille, par le Pseudo-Galien. Diels rattache encore à Théophraste, par un intermédiaire stoïcien, certains passages de Cicéron (Lucullus et de Natura Deorum) qui concordent avec certains fragments du περὶ εὐσεβείας de Philodème. Clément d’Alexandrie s’est inspiré de Cicéron, Hippolyte (Philosophumena) a dû avoir sous les yeux un Epitome de Théophraste en même temps que la διαδοχή de Sotion. Il en est de même de Diogène Laerte.

Sartorius accepte en général les résultats de Diels et s’efforce de reconstituer avec eux le développement de l’astronomie d’après Théophraste. L’étude est intéressante quoique les conclusions de Diels, prises pour point de départ, nous paraissent plus ingénieuses et plus spécieuses que vraies. Nous ferons connaître quelques-uns des principaux traits de cette étude.

Homère et Hésiode s’accordent au fond sur la conception de l’univers ; il y a entre eux quelques différences au point de vue astronomique. Ils citent à peu près les mêmes étoiles, mais on trouve chez Hésiode une connaissance plus exacte des phénomènes de l’année puisqu’il déter-