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A. BINET et CH. FÉRÉ. — l’hypnotisme chez les hystériques

table ; le coude gauche repose sur le bras du fauteuil, l’avant-bras et la main sont relevés verticalement, le pouce et l’index sont étendus, les autres doigts sont dans la demi-flexion ; l’avant-bras droit et la main sont étendus sur la table ; t’aimant est sous un linge à 5 centimètres environ. Ici, comme dans toutes les expériences précédentes, nous avons la preuve que la malade ne simule pas ; elle est bien réellement en catalepsie, car elle conserve l’attitude qu’on lui communique, non pas indéfiniment sans doute, mais dans des conditions qu’un simulateur est incapable d’imiter. En effet, si on enregistre avec un pneumographe les mouvements respiratoires d’un simulateur et d’une cataleptique, on obtient des tracés tout différents. Chez la cataleptique, la respiration est rare, superficielle, la fin du tracé ressemble au commencement. Chez le simulateur, le tracé se compose de deux parties distinctes. Au début, respiration régulière et normale. Dans la deuxième phase, irrégularité dans le rhythme et l’étendue des mouvements respiratoires, qui sont l’indice de la fatigue et de l’effort[1].

Or, voici ce que produit l’aimant sur notre malade, dont l’état cataleptique nous est parfaitement démontré : au bout de deux minutes environ, l’index droit commence à trembler et à se lever ; à gauche, les doigts étendus se fléchissent et la main reste un instant flasque. La main droite et l’avant-bras se lèvent et se placent dans la position où était primitivement la main gauche, qui s’étend sur le bras du fauteuil avec la mollesse cireuse propre à l’état cataleptique. Dans d’autres expériences chez cette même malade, le bras gauche s’est animé de mouvements convulsifs rapides pour s’arrêter tout à coup et redevenir cataleptique.

Chez un autre sujet, la nommée Cail…, nous avons obtenu par l’aimant un transfert de l’attitude cataleptique qui diffère peu du précédent.

Cail… est plongée en catalepsie ; elle est assise dans un fauteuil, le bras droit placé sur une table, à 1 centimètre d’un aimant à cinq branches. Le bras droit est étendu verticalement. Au bout de deux minutes, petits mouvements brusques du bras gauche qui tend à descendre, le bras droit fait également de petits mouvements, mais ne tremble pas ; il s’élève graduellement par soubresauts ; lorsque les deux mains sont au même niveau, il y a comme un instant d’arrêt, puis le bras droit continue à s’élever et prend la position du bras gauche, qui descend le long du corps. Tous les caractères de l’état cataleptique sont présents après comme avant l’expérience.

  1. J.-M. Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux, t.  III, p. 17 et suiv.