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anthropocentrique ; il exprime son dédain pour cette « cristallisation abstraite de l’analyse introspective » ; il préconise l’étude objective de l’esprit, légitimée, dit-il, par les exemples de la psychologie infantile et les inductions de la physiologie cérébrale. Mais la liberté, qu’il entend concilier avec le déterminisme, est pour lui un fait irréductible : c’est la spontanéité consciente de l’esprit, cause de ses propres actes, influencée, toutefois, par les circonstances qu’elle dirige et combine ; c’est une sélection dans le déterminisme, « une condition des conditions, une condition conditionnée, » Purs jeux de mots. L’auteur fait sienne aussi, après M. Renan, cette déclaration de Jouffroy : « La meilleure réfutation du spiritualisme, c’est le matérialisme ; et la meilleure réfutation du matérialisme est le spiritualisme ». Le spiritualisme est une hypothèse, une explication métaphysique ; le matérialisme, ou le monisme naturaliste, est une simple affirmation du sens commun, que rien n’a jusqu’ici contredit dans la science. L’antithèse de Jouffroy ne peut donc que faire sourire les vrais adeptes de l’expérience, les partisans de « la psychologie sans âme », que M. Serrano accuse de confondre les conditions avec les causes, parce qu’ils nient celles-ci et ne connaissent que celles-là. Mais l’argument peut sembler très fort aux métaphysiciens libéraux, comme l’est M. Serrano, aux positivistes étroits, et aux expérimentalistes beaucoup trop doux à la métaphysique, qui, d’après l’exemple donné par Comte et malheureusement suivi par Claude Bernard, imaginent par delà le connu un inconnaissable, par delà les phénomènes des essences, des causes par delà les conditions, un pourquoi par delà le comment des choses.


Nos collaborateurs, M. A. Binet et M. Ch. Féré préparent un volume sur l’Hypnotisme, qui paraîtra dans la Bibliothèque scientifique internationale.

On annonce la publication prochaine d’un ouvrage de M. Sergi : Sull’ origine dei fenomeni psichichi, et la traduction française de l’essai de M. Stricker sur les Images motrices dont la Revue a rendu compte en octobre 1883, et qui a été l’occasion de la Note du même auteur publiée dans le présent numéro.