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teur. Chaque fascicule contiendra des articles développés sous les rubriques suivantes : 1o La pensée italienne contemporaine ; 2o La formule pythagorique de l’évolution cosmique ; 3o L’évolution anticléricale italienne, allemande, française, anglaise, etc.) ; 4o Notes philosophiques sur les diverses sciences, cosmologie, physique, chimie, biologie, psychophysique, esthétique, pédagogie, réformes sociales ; 5o Notices bibliographiques ; 6o Varieté (Ier fasc., L’évolution de l’écriture ; IIe fasc., L’évolution des premiers instruments).

Pour donner une juste idée de son esprit et de sa méthode, nous résumerons le premier des deux importants articles consacrés par M. Caporali à l’Évolution cosmique. Il a pour objet de rechercher la part qui revient à l’Unité dans cette évolution. Il n’y a pas de mouvement sans unité, dit M. Caporali après Galilée. L’Unité est infinie et continue ; c’est le repos indistinct qui fait le nombre pensé en mouvement, ou le variable distinct, dont Galilée a trouvé l’idée infinitésimale d’accélération. « Est aliquid præter extensionem, imo extensione prius », dit-il avec Leibnitz. L’infini et le différentiel qui font le distinct (l’hétérogène de Spencer), ont pour origine la loi de continuité de la série et de ses fonctions, série inépuisable de possibilités. De l’idée du nombre dérive celle de l’intensif non étendu, par variations infinies du principe de permanence (p. 29). L’auteur considère avec Newton la matière comme une sorte de fluente engendré par l’action une (p. 28 et 30). Mais il ne se contente pas des points de force proposés par les newtoniens Boscowich, Cauchy, Moigno, Ampère ; il adopte plutôt les atomes tourbillonnants de Thomson, Helmholtz et Tait (p. 32), et répète avec Dubois-Reymond que la science de la nature consiste à ramener les changements à un mouvement d’atomes, produit graduellement par les forces centrales (p. 33). Tout atome, tout cristal, toute cellule est un développement des forces centrales, qui déroule de nouvelles proportions numériques, multipliant leur unité (p. 34). D’une cellule il en vient deux, et entre les deux il y a un abîme qu’aucune série ne peut combler : ia cellule mère transmet à sa fille l’idée unitaire. Avec Flourens, l’auteur observe que les nerfs et les muscles sont irritables et contractiles seulement tant qu’ils vivent, ou bien tant qu’ils sont constitués en harmonie unitaire ; avec Cattaneo, que les causes mécaniques externes ne suffisent pas à expliquer les différenciations autonomes de l’évolution morphologique.

La Nuova Scienza a la prétention d’essayer pour la première fois de réduire tous les phénomènes de la nature, c’est-à-dire le mouvement et la sensation, à une seule et exacte formule : la multiplication de l’unité (mouvement) et l’unification du multiple (la sensation) (p. 28-37 et suiv.). Avec Steinthal, M. Caporali donne à entendre les lois d’identité et d’unité qui coordonnent les fonctions psychiques. Avec Planck, il trouve que ia synthèse du mouvement organique n’est pas intensive seulement, et que les catégories d’espace et de temps ne sont pas créées par nous, mais reconnues. Avec Helmholtz, il cherche dans la loi d’unité la genèse de la raison et des catégories, et la certitude de la science. Il dit