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ANALYSES.giraud-teulon. Les origines du mariage, etc.

d’une manière exclusive et définitive. Mais le Journal contient de nombreuses pages où s’affirme un théisme moral, qui n’est pas l’expression doctrinale la moins profonde de cette mobile et attachante physionomie spirituelle. Quelques fragments de ces pages seront la conclusion naturelle de ce compte-rendu. « Ce qui nous arrache aux enchantements de Msïa, c’est la conscience. La conscience dissipe les vapeurs du kief, les hallucinations de l’opium, et la placidité de l’indifférence contemplative. » « Si l’homme conçoit le bien, le principe général des choses, qui ne peut pas être intérieur à l’homme, doit être sérieux. La philosophie du travail, du devoir, de l’effort, paraît supérieure à celle du phénomène, du jeu et de l’indifférence. Maïa, la fantasque, serait subordonnée à Brahma, l’éternelle pensée, et Brahma serait, à son tour, subordonné au Dieu saint. La notion de but, même si on l’expulse de la nature, se trouvant une notion capitale de l’être supérieur de notre planète, est un fait, et ce fait postule un sens à l’histoire universelle… Mon credo a fondu, mais je crois au bien, à l’ordre moral et au salut ; lu religion pour moi, c’est vivre et mourir en Dieu, en tout abandon à la volonté sainte qui est au fond de la nature et du destin. Je crois même à la Bonne Nouvelle, savoir à la rentrée en grâce du pécheur avec Dieu par la foi dans l’amour du Père qui pardonne. »

« La solution maîtresse est toujours de se soumettre à la nécessité en l’appelant volonté paternelle de Dieu, et de porter courageusement sa croix en l’offrant à l’Arbitre des destinées. »

Adrien Navile.

A. Giraud-Teulon. — Les origines du mariage et de la famille, Genève et Paris, 1884. Fischbacher.

Il y a huit ans, dans le premier numéro de la Revue philosophique (janvier 1816), nous donnions une analyse développée de la première édition de cet ouvrage. Bien qu’il eût déjà deux ans de date, l’intérêt des questions qu’il soulevait, le grand nombre de faits qu’il contenait, l’effort de synthèse dont il témoignait de la part de son auteur, effort à la fois hardi et scrupuleux, nous l’avaient fait juger digne d’une attention particulière, L’état dans lequel il nous revient aujourd’hui montre que rarement la faveur de la critique fut mieux placée et ses avis mieux reçus. M. Giraud-Teulon, maintenant professeur de philosophie de l’histoire à l’Université de Genève, loin de tenir pour épuisé le sujet qu’il avait parcouru, S’y est attaché davantage, l’a repris et médité de nouveau en toutes ses parties, en a fait sa chose de plus en plus. C’est moins une édition nouvelle qu’un nouveau livre qu’il nous donne aujourd’hui,

À vrai dire, et si profondément qu’ait été remaniée l’œuvre primitive, nous ne sommes pas bien persuadé qu’un changement de titre fût