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LA SUGGESTION MENTALE

ET LE CALCUL DES PROBABILITÉS


I

En commençant, je me vois, par l’étrangeté même du sujet que je traite, dans la nécessité de prendre quelques précautions oratoires. Eu effet les expériences que je viens exposer ici diffèrent quelque peu des faits admis communément dans la science. Ce n’est donc pas sans quelque hésitation que je me suis décidé enfin à les publier.

Pour faire excuser mon entreprise, je me contenterai de demander au lecteur d’envisager, sans parti pris, l’insuffisance et l’impuissance de la science actuelle.

En effet, quand il s’agit de dépasser l’observation des menus faits, de pénétrer au fond des choses, d’établir des lois générales, de résoudre l’origine des phénomènes, nous nous heurtons ou à des solutions négatives, ou à deux ou trois hypothèses également invraisemblables.

Prenons quelques exemples. La lumière se transmet du soleil à la terre, et de Sirius au soleil. Mais comment se fait cette transmission ? — Est-ce par une émission de substance ? L’absurdité de cette hypothèse a été bien démontrée. — Est-ce par le vide ? Mais quelle vibration peut être dans le vide ? — Est-ce par une atmosphère extraordinairement raréfiée ? Mais, si raréfiée qu’on la suppose, cette atmosphère sera pesante, et causera des résistances, et toute la mécanique céleste sera bouleversée ? — Est-ce par une matière impondérable qui est l’éther ? Mais vraiment c’est se payer de mots que de croire comprendre une matière qui serait impondérable. Alors le mot matière n’a plus de sens, et, si l’éther n’est pas matière, qu’est-ce donc ? — On le voit ; l’impossibilité d’une solution rationnelle est complète.

Voici un ovule fécondé par un spermatozoïde. La masse de ce dernier élément représente à peu près, en supposant des chiffres très