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notices bibliographiques

dées comme les plus humbles, mais qui sont en réalité les plus nécessaires ; et comme je premier effort de l’esprit s’applique à satisfaire les exigences de nos besoins, le premier objet de la philosophie devrait être d’examiner comment il se comporte à cet égard. Il est permis de regretter que les philosophes, déçus par les spéculations métaphysiques, aient si longtemps négligé de porter leur attention sur ce sujet. Ils y auraient trouvé peut-être, sur les rapports de l’homme avec la nature, les éléments d’une Philosophie naturelle qui prendra place dans leurs théories à mesure qu’elles deviendront moins abstraites et plus positives.

Ces réflexions nous sont suggérées par le livre où M. Louis Bourdeau expose les accroissements successifs qu’a reçus le pouvoir d’action de l’homme, et qui l’ont fait passer d’un état initial de faiblesse et de misère, au degré de puissance et de richesse où il est actuellement parvenu. On le voit inventer d’abord des armes et des outils pour ajouter à l’efficacité de ses organes, puis s’assujettir des animaux et les plier à ses tâches, convertir en auxiliaires les cours d’eau et les vents, évoquer même des moteurs nouveaux, tels que les explosifs et la vapeur, imaginer pour la mise en œuvre des forces motrices toutes sortes de combinaisons mécaniques, enfin faire les applications les plus étendues des forces physiques, chaleur, lumière, électricité.

Les considérations générales, par lesquelles l’auteur relie ces divers sujets, ramène la multiplicité des forces à l’unité de fin utile et montre les relations établies entre les ressources de la nature et la satisfaction de nos besoins, offrent un intérêt philosophique réel, car la pensée ne peut s’élever et considérer les choses dans leur ensemble, sans faire œuvre de philosophie.

X.

Alexander Bain. Practical essays. 1 vol.  petit in-8o, XVI, 338 p. — Lond., Longmans, Green et C°, 1884.

Dans ce volume, M. Bain a recueilli des articles publiés dans différentes Revues, mais qui n’en sont guère moins nouveaux pour nous. Ces essais sont au nombre de neuf. Quoiqu’ils n’offrent pas une étroite unité, le caractère pratique qui leur est commun met entre eux un lien suffisant pour qu’on ne soit pas choqué de les voir réunis comme chapitres, d’un ouvrage. On peut critiquer, toutefois, l’ordre dans lequel ils sont placés. Pour les deux premiers, rien à dire : ils se suivent naturellement, et d’ailleurs n’étaient pas séparables ; l’un a pour titre « Erreurs courantes touchant l’esprit » ; l’autre : « Erreurs tenant à la suppression de l’un de deux termes corrélatifs » ; tous deux ont paru dans la Fortnightly Review en 1868, et ont été donnés en appendice dans l’Esprit et le Corps, au moins dans l’édition française qui fait partie de la Bibliothèque scientifique internationale ; ce sont de précieux chapitres de logique appliquée. Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas, de même, mis