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ANALYSES.stricker. Physiologie des Rechts.

contenait pas de dessins, avoir eu, à force de chercher à nous représenter les proportions et les fonctions décrites, une conscience très prononcée de notre cerveau, que nous sentions peser sur sa base osseuse, dont nous sentions les circonvolutions, etc., sentiments qui nous firent souffrir et dont nous avons eu et avons encore parfois peine à nous défaire, lorsque nous nous occupons du même sujet, sans l’avoir sous les yeux, Mais nous nous sommes persuadé que la faculté de localiser les sensations varie au plus haut degré selon les individus et peut aussi être développée, qu’enfin notre exemple n’était pas pris dans un cas normal, mais dans celui d’une hypérémie, suite d’une fonction prolongée de l’écorce corticale. Ce sont surtout les faits certainement incontestables et probants que M. Stricker relate dans ses « Studien über die Sprachvorstellungen » (Vienne, 1880, p. 100-103) et auxquels nous regrettons ne pouvoir nous arrêter, qui ont désarmé notre scepticisme. Aussi avons-nous appuyé sur ce passage de La physiologie du droit pour bien recommander à l’attention de ceux de nos lecteurs qui s’occupent spécialement de cette question, la lecture du chapitre que nous venons de citer et la manière d’après laquelle M. Stricker expérimente et choisit ses sujets.

Les sentiments intellectuels (ou psychiques) apparaissent lorsque l’impulsion nous vient du dehors et qu’il se forme en nous une représentation qui en excite d’autres. Ces sentiments se rattachent aussi à des souvenirs, mais ils perdent d’autant plus de leur intensité que le fait que nous avons en mémoire est déjà loin dans le paseé, Une nouvelle ne nous fait une impression que lorsqu’elle évoque des parties de notre savoir potentiel avec lesquelles elle se trouve être en harmonie ou en désharmonie. Les sentiments sont d’autant plus intenses que le nombre des représentations qu’ils évoquent est grand. Il en est de même des souvenirs, Il faut aussi admettre une irradiation de ces sentiments, auxquels se rattachent des sensations au cœur, dans la peau et dans les muscles volontaires (p. 58). Le cerveau est en rapport direct avec le cœur : Un médecin russe M. Salomé a prouvé qu’il était en notre pouvoir d’augmenter à notre gré les battements du cœur d’un animal, Certaines affections psychiques influent par le cerveau sur le cœur qui modifie par là aussi bien le mode que la continuité de ses battements. Les sentiments du cœur ne sont donc que secondaires. Il en est de même pour les sensations semblables de la peau et des muscles. Ce sont ces effets secondaires qui sont l’origine du sentiment de l’honneur, de l’amour, du droit, etc. C’est de ce dernier que l’auteur va s’occuper spécialement.

II. S’appuyant sur l’exposition générale, contenue dans la première partie (psychologique) de son ouvrage, l’auteur cherche à prouver que toutes les relations sociales reposent sur des contrats dont la connaissance pénètre notre savoir potentiel, Si quelqu’un n’observe pas un contrat passé avec nous, la première nouvelle qui nous en parvient