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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


S. Stricker. Pysiologie des Rechets (La physiologie du droit). 1 vol.  grand in-8o. x-144 p. Vienne (Autriche) 1884. Tœplitz et Deutcke.

Les lecteurs de la Revue philosophique savent, par les comptes rendus des ouvrages que M. Stricker publie depuis quelques années sur des questions d’intérêt psycho-physiologique, de quelle manière intéressante et claire et avec quelle profonde originalité de points de vue le célèbre professeur de pathologie générale ei expérimentale de l’université de Vienne a l’habitude de traiter ces sujets. L’ouvrage qui est sous nos yeux aborde une question qui n’est pas nouvelle et sujette à bien des spéculations philosophiques — celle de l’origine du droit ou plutôt celle de l’origine de l’idée du droit — et il le fait d’une manière aussi intéressante qu’instructive ; et si même le lecteur a l’occasion de remarquer çà et là que l’auteur n’est pas juriste de métier, il n’en lira pas moins ce livre avec le plus vif intérêt, à cause de la foule d’idées auxquelles M. Stricker touche.

L’ouvrage se compose de trois parties intitulées : La raison et le sentiment. — Le droit et la loi. — Punition et excuse.

Après avoir exposé son opinion : que notre idée du droit résulte du sentiment de la puissance, qui a sa source dans le pouvoir de dominer le jeu des muscles par la volonté, et de l’expérience que les autres individus ont aussi une certaine puissance et sont capables d’entraver l’exercice de notre pouvoir, — M. Stricker résume et développe dans la première partie de son livre les opinions que lui ont inspirées ses nombreux travaux sur la raison et les sentiments, pour exprimer le rapport existant entre les idées du droit et la raison d’une pari, et entre les idées et le sentiment du droit de l’autre. Il établit d’abord la distinction à faire entre le savoir potentiel qui signifie « la provision d’expériences dans laquelle notre mémoire peut puiser » et le savoir actif ou vif (lebendiges Wissen) qui consiste en la représentation que nous en avons dans un moment donné. Le savoir vif peut provenir de deux sources : de la perception immédiate d’un objet (unmittelbare Wahrnehmung) ou du savoir potentiel. Les idées du droit seront donc déposes dans le savoir potentiel, et ce ne sont que des fragments de ces idées qui passent dans notre savoir actif, pendant que nous pensons au droit. Mais en parlant d’idée du droit, il y a à distinguer le mot et la signification qu’il a.