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G. POUCHET. — la biologie aristotélique

aristotélique les indications suivantes : Le cœur présente une sorte de division (= le sillon séparant les ventricules ?) très prononcée chez les êtres d’essence plus délicate, moins marquée chez les êtres apathiques comme le Porc. Les animaux craintifs ont le cœur gros : le Lièvre, le Cerf, la Souris, l’Hyène, l’Âne, la Panthère, le Putois (Des parties, III, 5). La grosseur et la petitesse du cœur, sa dureté et sa mollesse indiquent en effet, des différence dans le caractère : cela vient de ce qu’il protège alors plus ou moins la chaleur propre au sang. N’oublions pas que toutes ces expressions que nous employons encore, de « sang froid, chaud, bouillant, » n’ont pas été toujours des métaphores et ne sont passées dans le langage figuré qu’après avoir exprimé des faits plus ou moins imaginaires, mais réputés réels, et professés comme autant de vérités scientifiques.

V

le diaphragme, les sens

L’histoire du diaphragme et des sens se relie intimement, dans Aristote, à celle du cœur, de même que l’étude des centres nerveux doit être reportée à côté de celle du poumon.

Aristote décrit assez exactement, le diaphragme avec ses bords charnus, son centre membraneux (= tendineux), sa courbure. Cet organe existe chez tous les animaux ayant un cœur et un poumon ; il sert à isoler le cœur du ventre de façon que le siège de la psyché pensante ne ressente aucun dommage et ne soit que difficilement affecté par les vapeurs et la chaleur étrangère provenant du contenu de l’estomac. C’est en absorbant ces vapeurs que le diaphragme réagit sur l’intelligence et le sentiment, bien qu’il n’y ait aucune part directe. Mais, placé au voisinage des parties où siègent ces facultés, il peut les influencer et il les influence en effet (Des parties, III, 10). C’est encore du diaphragme que provient le rire. Quand on chatouille les gens, c’est lui qu’on met en mouvement, appréciation fort juste sur un point de physiologie peu étudié et demeuré très obscur.

Dans la physiologie aristotélique, le centre de toute sensation est le cœur ou plutôt le voisinage, les environs du cœur. Cette opinion ne doit pas nous étonner ; n’est-ce pas là, en somme, que nous ressentons par action réflexe des mouvements dont le siège véritable