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V, 57). La peau de son côté peut se colorer par l’effet du soleil et du vent, appréciation exacte des causes diverses qui produisent le hâle.

La robe des animaux prête encore aux considérations suivantes : certains sont d’une seule couleur comme le Lion qui est fauve ; il en est ainsi du plus grand nombre des espèces animales. Chez d’autres, l’individu est d’une seule couleur mais qui peut varier : un bœuf blanc et un bœuf noir. Chez d’autres enfin, l’individu est bigarré (Gen., V, 69). La bigarrure se présente elle-même de deux façons : ou bien elle est identique pour tous les individus de l’espèce : la Panthère avec ses taches, le Paon avec ses yeux, et nombre de poissons. Ou bien chaque individu présente une bigarrure spéciale. Ceci peut exister chez une espèce qui n’est pas elle-même naturellement bigarrée comme les bœufs, les chèvres, les pigeons. Mais cette bigarrure se rencontre surtout dans les espèces où les individus sont déjà eux-mêmes de couleur variées, et elle reproduit communément ces couleurs[1] : l’animal ne sort donc pas de sa nature. Quant aux animaux à livrée uniforme, spécifique, ils n’en prennent jamais d’autre, excepté par maladie, celle-ci pouvant causer l’albinisme. On a observé l’albinisme chez la Perdrix, le Corbeau, le Moineau, l’Ours (Gen., V, 71)).

À côté de ces aperçus, qui ne dépareraient pas un traité moderne de Zoologie générale, s’en trouvent d’autres d’une science moins sûre, et qui relèvent, en tous cas, de doctrines scientifiques un peu différentes. Nous nous bornons à les indiquer. « La variété d’alimentation cause la variété de coloris : les abeilles ne mangent que du miel et sont de couleur uniforme ; les guêpes et les frelons sont bigarrés de jaune et de noir parce qu’ils butinent toutes sortes de nourritures. Les eaux ont aussi une grande influence : plus chaudes elles blanchissent le poil ; plus froides elles le rendent plus foncé ; et l’auteur ajoute, sans que nous comprenions bien sa pensée, que cette action des eaux est la même sur les plantes. Les eaux chaudes renferment plus d’air, et c’est la présence de cet air qui engendre

    peau, seulement l’observation du fait est beaucoup plus délicate dans ce cas que pour les animaux. Chez ces individus la peau sur laquelle poussent les poils blancs est toujours entièrement dépourvue de pigment et le hâle même n’a que très peu de prise sur elle. Voy. Les colorations de l’épiderme. Thèse, Paris 1864.

  1. L’auteur ne signale pas l’influence toute naturelle ici des croisements ou des ressemblances (voy. ci-dessous). Il semble de plus méconnaître complètement l’influence de la domestication, on l’a déjà vu par l’histoire des moutons sarmates : l’auteur ne paraît point se douter qu’ils sont plus près de l’état de nature que les moutons mieux domestiqués en Grèce et dont la laine est devenue plus fine.