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LA BIOLOGIE ARISTOTÉLIQUE

(Suite[1]).

III

Anatomie générale. — Peau, système pileux, squelette, dents.

On a dit qu’Aristote, par l’exposé méthodique qu’il fait des propriétés de certaines substances vivantes, avait pressenti la chimie des tissus, la science qui porte aujourd’hui le nom d’Histochimie, à une époque ou la chimie même existait si peu. C’est aller bien loin. Mais on doit reconnaître qu’il a parfaitement délimité le domaine de l’Anatomie générale. Il est, de ce côté, le véritable précurseur de Bordeu et de Bichat, comme il est, en Anatomie comparée, le précurseur de Belon, de Vicq-d’Azyr et de Cuvier ; celui de Lamark et de Geoffroy Saint-Hilaire en Zoologie générale,

Aristote distingue expressément, dans l’étude de l’organisme, deux choses : l’étude des parties similaires et celle des parties dissemblables (Gen. I, 39), c’est-à-dire l’étude des tissus et celle des organes. Partout il maintient avec une grande force cette distinction, et il l’appuie d’exemples parfaitement choisis : « Les organes ont une fonction, comme la langue, la main ; » les tissus ont des propriétés, « les parties similaires sont dures ou molles ou ont quelque propriété analogue » (Gen. I, 43). Il établit nettement ce qui distingue, au point de vue de la structure, la partie similaire de l’organe : la partie similaire est toujours semblable à elle-même : ainsi, dit-il, un tronçon de veine est toujours veine. On ne saurait être plus catégorique, et la science moderne ne trouve rien à reprendre à ce langage. Les parties similaires semblent aussi avoir toutes une importance égale et se retrouver chez tous les animaux (au moins du même groupe), tandis qu’il n’en est plus de même des organes : pour ceux-ci il en est dont l’importance et par suite la constance chez les animaux, sont beaucoup plus grandes que d’autres ; au premier rang il faut citer le cœur, ou l’organe qui en tient lieu, selon l’expression habituelle du philosophe.

Le IIIe livre de l’Histoire des animaux est presque tout entier un

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.