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ANALYSES.e. véron. La morale.

tères en apparence incompatibles, une psychologie très hardie et une métaphysique très timorée.

Alexis Bertrand.

Eugène Véron. — La morale, 1. vol.  de la Bibliothèque des sciences contemporaines, in-12, 484 pages. Paris, Reinwald, 1884.

M. Véron, qui avait déjà donné à la Bibliothèque des sciences contemporaines un volume sur l’esthétique, publie aujourd’hui dans la même collection un assez long ouvrage sur la morale. L’auteur avait sans doute là une occasion de rechercher les points de contact de ces deux branches de notre savoir et d’arriver à quelques généralisations importantes, mais il aura peut-être craint de faire œuvre de métaphysicien en s’attachant trop à des considérations générales et très abstraites, bien que métaphysique et abstrait ne soient point synonymes comme on est quelquefois porté à le croire, et nous restons tout le temps, avec lui, sur le terrain des faits et des généralisations moyennes. M. Véron a appliqué à la morale la théorie du matérialisme transformiste et utilitaire. Tout son ouvrage est généralement très logique et s’accorde parfaitement avec le point de départ, sauf, peut-être, en ce qui concerne la politique à laquelle deux chapitres sont consacrés ; mais on sait que les principes et les formules politiques jouent souvent, de nos jours, le rôle rempli autrefois par les principes à priori que le matérialisme désavoue, et ne se laissent pas toujours soumettre aisément à la critique.

L’ouvrage de M. Véron comprend une introduction, cinq parties et une conclusion. L’introduction contient des généralités sur le bien, la morale, la méthode à suivre en l’étudiant et un exposé du plan de l’ouvrage. La première partie est historique, elle traite de la formation et du développement de la morale dans l’humanité. La deuxième partie est consacrée à l’examen de quelques problèmes moraux, la volonté, le droit, le devoir, l’obligation morale et la responsabilité, La troisième partie a pour titre : théorie, origines, évolution, conséquences. L’auteur commence par étudier l’homme dans sa constitution, puis l’évolution inorganique et l’évolution organique, il établit la hiérarchie des besoins de l’homme et des devoirs correspondants, il termine cette partie par un résumé de la théorie morale, terminé lui-même par cette phrase : « On peut donc dire en dernière analyse que la morale est surtout la recherche du bonheur par le développement des facultés intellectuelles. »

Dans la quatrième partie, nous trouvons l’examen de quelques points de morale pratique : le mariage, la famille, l’éducation, la morale politique, la question sociale. Enfin la conclusion renferme trois chapitres. Le premier est intitulé : l’utile est le fondement de la morale ; le second, l’utile est le critérium du juste ; le troisième est consacré à un résumé général.