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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


A. Ott. — Critique de l’idéalisme et du criticisme. — Paris, Fischbacher, 1883.

En critiquant l’idéalisme, tel que l’ont compris Stuart Mill et Bain, et le criticisme Kantien, tel qu’il a été renouvelé en France par M. Renouvier, M. Ott s’est proposé de trouver un juste milieu entre les doctrines qui nient la réalité des choses visibles, et celles qui ont la prétention de mettre l’intelligence humaine en possession de la science infinie, et d’éclairer d’une pleine lumière l’essence de toutes choses. Avec les philosophes qu’il combat, M. Ott tient énergiquement pour le principe de la relativité de nos connaissances. Mais, en même temps, il estime que si nous ne pouvons aspirer à connaître l’objet tel qu’il est en lui-même, il nous est du moins possible de savoir sûrement qu’il existe, et d’acquérir des connaissances positives sur un grand nombre de points, notamment sur ceux que les systèmes idéaliste et criticiste s’attachent de préférence à obscurcir. En un mot, ce livre est un nouvel effort pour remettre en honneur le réalisme, si fortement combattu par les principales écoles philosophiques de notre temps.

Parmi les divers ouvrages qui, à une époque très récente, se sont proposé le même but, celui de M. Ott est certainement l’un des plus méritoires et des plus remarquables. L’auteur a étudié de très près, avec un effort visible et très consciencieux pour les bien interpréter, les doctrines qu’il combat : il les résume clairement, et n’avance aucune assertion importante sans l’appuyer de citations, ou sans renvoyer aux textes originaux. La critique qu’il en fait est aussi très sérieuse et très étudiée, toujours courtoise. Ajoutons que le livre est écrit dans une langue très ferme, très sobre et très nette, On sent dans tout l’ouvrage un amour profond de la vérité, une conviction sincère, mûrie par de longues réflexions ; on y admire en même temps un véritable talent d’exposition, et la rare fermeté d’un esprit qui ne se paye pas de mots, et veut voir clair dans ses idées. On peut, sur plus d’un point, ne pas partager les opinions de M. Ott ; personne ne contestera que son livre ne soit de ceux qui font à leur auteur le plus grand honneur, et inspirent aux lecteurs un profond respect.

La Critique de l’idéalisme et du criticisme est divisée en deux parties. Dans la première, l’auteur se propose de défendre contre les atta-