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revue générale. — b. perez. Les théories de l’éducation.

sciences sociales, une base biologique et sociologique, avec son idée encore mal définie d’évolution, avec ses idées sur les besoins de notre époque scientifique et positive, sur la nécessité de partir de l’empirique et de ne pas s’arrêter à l’intuition, et sur la nécessité de coordonner la culture aux arts et aux industries avant de s’élever aux règles rationnelles elles-mêmes. Tel est, légèrement esquissé par M. de Dominicis, le système pédagogique implicitement contenu dans le Cours de philosophie positive.

Comte à sa place marquée dans l’histoire des théories d’éducation, et c’est expressément à lui qu’il faut demander quelle place il y prétendait occuper. Il avait eu l’ambition d’appliquer sa doctrine à la solution des plus importants problèmes de la vie sociale, et en particulier à la réforme de l’éducation. Dans la soixantième et dernière leçon de son Cours de philosophie positive, il annonçait un traité spécial sur cette matière. « Ce grand sujet, disait-il, n’a pu encore être abordé chez les modernes d’une manière convenablement systématique, puisque la marche générale de l’éducation individuelle ne peut être, à tous égards, suffisamment appréciée que d’après sa conformité nécessaire avec l’évolution collective. » Si Comte n’a pas donné suite à son projet, on peut du moins imaginer, d’après divers passages de son grand ouvrage, dans quel esprit et dans quelle mesure il aurait appliqué la philosophie positive à l’éducation. Je lis dans sa première leçon : « Déjà les bons esprits reconnaissent unanimement la nécessité de remplacer notre éducation européenne, encore essentiellement théologique et littéraire, par une éducation positive, conforme à l’esprit de notre époque et adaptée aux besoins de la civilisation moderne. » Des tentatives variées ont été faites pour satisfaire à cette nécessité. « Mais, tout en secondant autant que possible ces diverses entreprises, on ne doit pas se dissimuler que, dans l’état présent de nos idées, elles ne sont nullement susceptibles d’atteindre leur but principal, la régénération fondamentale de l’éducation générale. Car la spécialité exclusive, l’isolement trop prononcé qui caractérisent encore notre manière de concevoir et de cultiver les sciences, influent nécessairement à un haut degré sur la manière de les exposer dans l’enseignement. » En l’état, un bon esprit en est réduit pour acquérir un système général d’idées positives, à se disperser dans les détails. Un tel procédé serait tout à fait chimérique, relativement à l’éducation générale. « Et néanmoins celle-ci exige absolument un ensemble de conceptions positives sur toutes les productions de phénomènes naturels. C’est un tel enseignement qui doit devenir désormais, sur une échelle plus ou moins étendue, même dans les masses populaires, la base permanente de toutes les combinaisons humaines, qui doit, en un mot, constituer l’esprit général de nos descendants. Pour que la philosophie naturelle puisse achever la régénération déjà si préparée de notre système intellectuel, il est donc indispensable que les différentes sciences dont elle se compose, présentées à toutes les intelligences comme les diverses