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revue générale. — b. perez. Les théories de l’éducation.

ments essentiels, c’est trop dire : un certain nombre d’éléments essentiels serait une expression plus modeste et plus juste. « L’effort désirable, à l’heure présente, ce n’est peut-être pas tant de chercher des idées nouvelles, que de bien comprendre celles qui sont en circulation, de faire un choix entre elles, et, une fois ce choix fait, de s’appliquer résolument à les mettre en œuvre. » La vérité, selon moi, c’est qu’une histoire vraiment scientifique des théories de l’éducation fournira toujours, comme elle l’a déjà fait, le point de départ, l’occasion et la vérification des doctrines, des procédés, des méthodes et des constitutions pédagogiques. Mais gardons-nous de croire que l’histoire de la pédagogie fournisse à elle seule les faits dont l’induction tirera les lois scientifiques. C’est déjà beaucoup pour elle de nous renseigner sur les tentatives déjà faites pour édifier les doctrines de l’éducation en système, de nous détourner de certaines tentatives décidément condamnées par la raison et l’expérience, et de nous aider à juger sciemment, et au besoin de nous encourager à essayer certaines tentatives nouvelles. Demandons à l’histoire de la pédagogie quelques éléments indispensables, mais non la matière et le plan de l’édifice. À la fin de son premier livre, M. Compayré avait essayé de formuler les lois générales et les préceptes pratiques que les données de l’histoire et la connaissance encore imparfaite des lois de l’évolution permettent, selon lui, de déduire. Et il indiquait, sans prétendre les énumérer toutes, un certain nombre de données essentielles que la psychologie peut fournir dès à présent à la pédagogie. M. Compayré s’est jusqu’ici contenté d’indiquer quels seront, à son avis, les éléments fondamentaux de cette œuvre. Nous la donnera-t-il un jour, ou, à défaut de cette œuvre magistrale, quelque chose d’approchant, dans les parties les plus générales de son Traité de pédagogie annoncé il y a deux ans ? Nous l’espérons pour lui et pour nous. Pour le moment, il voulait nous donner une pédagogie populaire, et il y a parfaitement réussi. Ce n’est pas un mince éloge que celui que M. Hébert Quick, le pédagogue anglais, fait de lui dans sa nouvelle édition des Pensées de Locke « M. G. Compayré est l’historien de l’éducation pour ceux qui ne lisent pas l’allemand, et aussi pour beaucoup de ceux qui le lisent. »

Un des services incontestables de l’histoire pédagogique, c’est l’application de ses données à des points spéciaux de doctrine et de pratique. L’exemple en a été donné avec éclat par M. Gréard dans plusieurs de ses Mémoires lus au conseil académique de Paris. Je me borne ici à parler du plus récent, qui a pour titre L’esprit de discipline dans l’éducation. C’est en psychologue et en moraliste que M. Gréard passe en revue les théories disciplinaires des grands pédagogues des temps modernes pour y trouver les éléments de solution d’un problème capital en éducation. La plupart de nos lecteurs ont lu ce précieux mémoire, et nous leur rappelons seulement pour la forme que l’auteur conclut à une discipline toute de tact et de prévoyance, tout à la fois douce, libérale et ferme, faisant l’office d’une autorité paternelle et