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delbœuf. — origine de la vie et de la mort

solides desquels arrivent seuls dans le sang les aliments proprement dits et encore dans une mesure déterminée, tandis que le superflu et les parties inutiles sont rejetés du corps par les excréments. Les aliments sont l’albumine, les graisses, les hydrates de carbone, les sels, l’eau, etc. »

Toutes ces définitions, malgré leurs différences, reviennent au même. Elles ont toutes le tort de confondre deux sortes de fonctions essentiellement différentes, ainsi que je le montrerai plus loin, la formation des organes et leur mise en action. Mais je passe pour le moment sur ce défaut capital. D’après elles, on peut fixer la ration alimentaire des animaux, non pas en nature, mais en composition chimique. Prenons l’homme comme spécimen.

On vous apprendra qu’un adulte perd chaque jour 2,000 à 3,000 grammes d’eau (urines, excréments, évaporation cutanée et respiratoire), 30 à 35 grammes de sels inorganiques (urines, excréments, sueurs, etc.), près de 300 grammes de charbon (anhydride carbonique de l’air expiré, excréments, urée de l’urine, etc.), et près de 20 grammes d’azote (urée, acide urique de l’urine, etc.)[1].

Il faut couvrir ces pertes. Il faut rendre au corps l’eau, le carbone, les gaz et les sels qu’il a perdus. À cet effet, la ration alimentaire doit comprendre : 1o de l’eau (2 à 3 litres) ; 2o des sels inorganiques (30 à 35 grammes ;  3o des matières albuminoïdes ; 4o de la graisse ou des matières hydrocarbonées. L’expérience de plus a prouvé qu’il faut associer aux matières albuminoïdes, des aliments non azotés ; que l’organisme de l’homme et des animaux herbivores n’est pas capable de vivre avec de l’albumine à laquelle on n’ajoute ni graisse ni fécule ; que, pour l’homme notamment » il est nécessaire d’adjoindre à deux parties d’aliments azotés, sept à neuf parties d’aliments gras. L’on a en conséquence composé son menu rationnel à peu près comme suit : 130 à 137 grammes d’albumine 84 à 72 grammes de graisse ; 404 à 352 grammes de fécule, en compensant la petite quantité d’albumine en moins par de la graisse et de la fécule en plus. Ces deux dernières substances doivent être un peu plus abondantes si l’homme travaille. Ce menu, comme on devait s’y attendre, rend à l’organisme environ les 360 grammes de carbone, les 20 grammes d’azote, plus les 40 grammes d’hydrogène et les 200 grammes d’oxygène, qui en ont été éliminés dans les excréments et les sécrétions.

Ces résultats sont propres à nous inspirer diverses réflexions.

  1. L. Frédericq et J.-P, Nuel. Éléments de Physiologie humaine, Digestion. 1re partie, p. 195 et suiv.