Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 18.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
441
TH. RIBOT. — bases affectives de la personnalité

les est au complet. N’oublions pas les nerfs centrifuges qui se comportent de même, mais dans le sens d’une décentralisation croissante. En somme, la moelle épinière, qui est un amas de ganglions juxtaposés et empilés, mieux encore le bulbe avec ses centres spéciaux (de la respiration, de la phonation, de la déglutition, etc.) en même temps qu’ils sont des organes de transmission, représentent une réduction à l’unité d’une infinité d’actions nerveuses disséminées dans le corps.

Au point où nous en sommes, la question devient fort obscure. Le mésencéphale paraît posséder une fonction réflexe plus compliquée que le bulbe qui en possède une plus compliquée que la moelle. Les corps striés seraient un centre où s’organisent les mouvements habituels ou automatiques. La couche optique serait le point où les impressions sensitives viennent se rassembler pour se réfléchir en mouvements.

Quoi qu’il en soit, on sait que la capsule interne, faisceau de substance blanche qui fait suite au pédoncule cérébral, traverse les corps opto-striés, en pénétrant dans le détroit compris entre la couche optique et le noyau lenticulaire et qu’il s’épanouit dans l’hémisphère, en formant la couronne rayonnante de Reil. C’est un carrefour où passent toutes les fibres sensitive et motrices qui viennent du côté opposé du corps ou qui s’y rendent. La partie antérieure ne contient que des fibres motrices. La partie postérieure contient toutes les fibres sensitives, un certain nombre de fibres motrices, et toutes les fibres venant des organes des sens. Le faisceau sensitif étant au complet se divise : une partie monte vers la circonvolution fronto-pariétale ; les autres se recourbent en arrière vers le lobe occipital. Le faisceau moteur se distribue dans l’écorce grise des zones motrices.

Ces détails, si fatigants qu’ils soient, malgré leur brièveté, montrent la solidarité intime qui s’établit entre toutes les parties du corps et les hémisphères cérébraux. Ici, l’étude des localisations, bien qu’imparfaite, permet quelque précision : une zone motrice (frontale ascendante, pariétale ascendante, lobule paracentral, pied des circonvolutions frontales), où paraissent représentés les mouvements des diverses parties du corps. — Une zone sensitive, beaucoup moins bien délimitée (lobes occipitaux ( ?), région temporo-pariétale). — Pour les lobes frontaux, rien de précis. Notons en passant la récente hypothèse de Hughlings Jackson, pour qui « ils représentent, par rapport aux autres centres, des combinaisons et coordinations plus complexes, étant ainsi une représentation de représentation[1]. »

  1. Lectures on Evolution and Dissolution of nervous System, 1884.