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Dans le IXe livre de l’Histoire des animaux, le désordre est au comble et nous nous y arrêterons un instant. Il débute par un aperçu de psychologie comparée, qui semble faire suite au livre précédent. Le second chapitre pourrait être intitulé « la Guerre des animaux ». Ils y sont présentés en opposition les uns avec les autres : L’Aigle contre le Serpent, la Tourterelle contre le Verdier, l’Œgite (un petit oiseau) contre l’Âne, l’Émerillon contre le Renard, le Lion contre le Thôs[1]. Après ce bestiaire inepte, et sans transition aucune, un tableau très exact de la façon dont on se procure et dont on conduit les éléphants aux Indes. Puis nous passons aux moutons, aux bœufs, au Cerf qui cache sa corne gauche comme s’il savait que les apothicaires la recherchent pour en faire un remède, et qui se traite en mangeant des escargots quand il a été piqué par l’Araignée phalange. De même la Tortue, si elle à avalé une vipère, s’administre l’origan (chap. vii, § 5) ; mais la Belette, bien plus avisée, prend à l’avance de la rue quand elle doit attaquer le Serpent.

Après ces fables vient, du chapitre vii au chap. xxiv, une sorte de catalogue ornithologique, qui a pour nous évidemment une grande valeur comme liste d’espèces connues et dénommées ; mais c’est là un mérite extrinsèque et qui ne rejaillit point sur l’auteur. Les nombreux détails qu’il nous donne font surtout partie de l’art de l’oiseleur et il y mêle des fables dans le goût de celle de la Phoyx qui fait sa pâture exclusive des yeux des autres volatiles.

Le chapitre xxv, nous ramène aux poissons et à des animaux dont le livre IV avait déjà parlé, aux Céphalopodes. Aristote les connaissait admirablement, et ce passage est un des plus remarquables de l’Histoire des animaux : on peut hardiment le laisser à son avoir. Les chapitres xxvi à xxx traitent des insectes, surtout au point de vue pratique, et nous revenons aux abeilles, dont il avait été déjà question au livre V. Ici c’est une sorte de manuel de l’éleveur d’abeilles et du chasseur de miel, avec de longs détails sur l’emplacement convenable aux ruches (xxvii, 36), sur les maladies de la cire, les parasites, les causes de destruction ou de prospérité des mouches, leurs diverses variétés (xxvii, 15), enfin sur

    essentiellement la disparition des animaux pendant une partie de l’année pour une cause ou pour une autre : migration, hibernation, etc. Dans plusieurs passages, l’auteur, qui n’est très vraisemblablement pas Aristote, semble croire que beaucoup d’oiseaux se terrent pendant l’hiver. Ce préjugé a long-temps subsisté dans nos campagnes, et jusqu’au siècle dernier pour les hirondelles.

  1. Animal dont la synonymie est incertaine, peut-être notre loup-cervier. Il en sera plusieurs fois question dans la suite de cette étude.