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LA BIOLOGIE ARISTOTÉLIQUE


Alger, 5 avril 1883, au chevet de mon frère James POUCHET, mourant dans sa pleine liberté d’esprit, — Je dédie à sa chère mémoire cette étude, sujet de notre dernier entretien.


I

La collection aristotélique

M. Barthélemy-Saint Hilaire vient de publier une nouvelle traduction française de l’Histoire des animaux d’Aristote : il en existait une datant de la fin du siècle dernier, par Camus, et remarquable à beaucoup d’égards. Aucun ouvrage d’Aristote n’est plus connu eu dehors du monde philosophique que l’Histoire des animaux et ce goût du public ne date pas d’aujourd’hui, à en juger par les emprunts que font déjà les auteurs latins à ce livre célèbre. Les naturalistes modernes, Buffon, Cuvier le louent avec une exagération presque suspecte ; c’est à peine si on entend quelques voix discordantes dans ce concert d’admiration.

Mais l’Histoire des animaux n’est qu’une faible partie de l’œuvre biologique d’Aristote. Elle comprend deux autres traités presqu’aussi volumineux : Des parties des animaux et De la genèse des animaux, avec une foule d’ouvrages ou d’opuscules, De l’âme, De la sensation et des choses sensibles, De la respiration, Du mouvement commun des animaux. De la jeunesse et de la vieillesse, De la longueur et de la brièveté de la vie, Des rêves. Les deux grands traités, n’ont pas encore été traduits en français, et peut-être doit-on regretter que M. Barthélemy-Saint Hilaire n’ait pas tourné de ce côté ce zèle si touchant qu’il a voué au culte du philosophe grec. L’occasion en tout cas nous a paru favorable de tracer le tableau des connaissances biologiques telles qu’elles ressortent des œuvres attribuées au chef de l’École péripatéticienne. M. Barthélemy-Saint Hilaire, dans sa préface, remarque très justement que le monde grec a été le monde savant par excellence. Les connaissances techniques si