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notices bibliographiques

Explication des phénomènes hypnotiques : Il y a plusieurs théories pour expliquer les phénomènes hypnotiques. Les mesmériens essayaient de résoudre la question en admettant un fluide impondérable se dégageant du corps du magnétiseur pour passer dans celui de l’hypnotisé. La théorie électro-biologique imagine un courant électrique qui passerait du corps du magnétiseur dans celui de l’hypnotisé ; elle aussi est insuffisante pour expliquer le magnétisme animal. La troisième théorie qui est la plus probable est la théorie physico-psychologique. D’après celle-ci l’état hypnotique repose sur des bases physiologiques et psychologiques. Des excitations monotones continues excitent vivement les nerfs correspondants et finissent par les détendre et par les rendre flasques. Il s’en suit que la conscience, qui dépend de l’activité nerveuse, s’affaiblit, et il se produit un état analogue à celui du sommeil, La conscience ne se perd toutefois pas entièrement, car plusieurs sens restent capables de saisir l’extérieur, quoiqu’ils ne sachent rien distinguer. Par là il est aisé d’expliquer les mouvements que le magnétiseur fait exécuter à l’hypnotisé, À mesure que celui-ci perd la conscience, il perd la volonté libre et tombe sous la dépendance de celle du magnétiseur dont il entend les ordres. Il est également facile d’expliquer l’insensibilité à la douleur, car les sensations de douleur ne sont pas transmises par les mêmes nerfs que les sensations des sens.

La base psychologique de l’hypnotisme est, d’après l’auteur, l’attention concentrée. Reste encore à expliquer la catalepsie. L’hypnose est en général produite par une excitation continue du nerf sensitif de la vue ou de l’ouïe ; cette excitation se transmet au cerveau et y fait cesser l’activité des cellules ganglionnaires de l’enveloppe grise. La conscience, qui repose sur l’intégrité de cette partie du cerveau, est amoindrie, et avec elle la faculté des mouvements.

L. Hamès.

P. Siciliani : Rinnovamento e filosofia internazionale, 2 édit., broch., in-8o, 58 p. Bologne, Zanichelli, 1884.

Dans ce brillant discours, prononcé à l’occasion de la réouverture des cours à l’Université de Bologne, M. Siciliani démontre la possibilité et la nécessité d’une philosophie internationale. La littérature et l’art, dit-il, se rattachent toujours plus ou moins à une forme exprimant le caractère national. Il n’en est pas de même de la philosophie. Elle représente ce qu’il y a de commun au fond de toute activité humaine, elle tend à franchir les limites que l’histoire, les traditions et le milieu social assignent à la vie d’un groupement national.

Le mouvement philosophique actuel répond-il à cette exigence, spécialement en Italie ? Nous trouvons ici, depuis la Renaissance, une philosophie franchement autonome, même dans son assimilation des diverses doctrines étrangères. Telles, la métaphysique de Rosmini, de Gioberti, de Mamiani, tels l’idéalisme de Spaventa et de De Meis, et