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L’origine des organismes. — Beaucoup de savants se sont occupés de cette question, et les résultats de leurs recherches peuvent être réduits à trois hypothèses :

1o L’hypothèse de la génération spontanée : À an moment donné, les premiers organismes se sont formés de matières inorganiques.

2o L’hypothèse cosmozoïque : Des corps capables de vivre nous sont venus d’autres astres célestes.

3o L’hypothèse cosmorganique : Autrefois la terre et même tout le système des planètes a formé un grand organisme,

Ces théories sont toutes les trois insuffisantes pour résoudre notre problème.

Opinion de M. Fischer. — La loi : Omne vivum ex vivo a toujours existé et nous devons par conséquent admettre que les premiers organismes sont nés de germes organiques. L’état primitif de notre globe n’est pas suffisamment connu pour qu’on puisse catégoriquement affirmer que de pareils germes n’existaient pas à son origine. Une haute température a dû régner au moment de la formation de la terre. Mais cette température n’a peut être pas existé auparavant, ce qui rend possible l’existence de matières organiques à côté de matières inorganiques. Les premières out pu se conserver pendant et après la condensation des molécules matérielles, parce que les couches de la surface ont été plus froides que celles du centre. Cette opinion est encore confirmée par ce fait que des êtres organisés, complètement desséchés, peuvent être rappelés à la vie quand on les met dans l’eau. Nous pouvons conclure qu’il y a des animaux qui, quoiqu’ils ne donnent plus signe de vie, sont cependant capables de vie, et qui reviennent à la vie dès qu’ils se trouvent dans les conditions voulues. Il est possible qu’il y ait eu sur notre globe, immédiatement après sa formation, des êtres organisés capables de vivre, dès qu’ils trouvaient les conditions requises. Les premiers éléments organiques n’étaient pas dès l’abord des organismes ; ceux-ci se sont développés lentement, de même que la Terre qui, au commencement, était loin de la perfection qu’elle a aujourd’hui.

Passons maintenant à la dernière question : D’où sont venues les for mes élémentaires des organismes ? Elles ne se sont pas créées elles-mêmes, et elles n’existaient pas non plus de toute l’éternité ; elles doivent donc avoir leur origine dans la première cause absolue de tout être.

De l’existence des phénomènes de l’âme dans les plantes. — S’il faut admettre que l’âme est le principe de l’organisation, il faut également admettre une âme dans la plante. Ici trois questions se présentent : 1o Y a-t-il des causes qui favorisent l’opinion de l’existence d’une âme dans les plantes ? 2o Dans le cas affirmatif comment peut-on caractériser cette âme ? 3o Dans quelle relation est-elle avec l’organisation ?

Les raisons qui nous font croire à l’existence d’une âme dans les plantes sont 1o des motifs d’analogie : la plante est un être organisé de